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Dzaleka (Malawi) : des réfugiés burundais en sit-in pour dénoncer des discriminations dans l’aide humanitaire

SOS Médias Burundi

Au camp de réfugiés de Dzaleka, au Malawi, plus de 150 Burundais ont manifesté pacifiquement ce lundi pour dénoncer leur exclusion supposée des programmes d’aide humanitaire. Ils pointent du doigt une marginalisation persistante dans l’accès aux services sociaux essentiels, notamment ceux pris en charge par le HCR et ses partenaires.

Plus de 150 réfugiés burundais ont organisé un sit-in ce lundi devant le bureau de leur représentant communautaire au camp de Dzaleka, situé à une cinquantaine de kilomètres de Lilongwe, la capitale du Malawi. Par cette action pacifique, ils entendent dénoncer ce qu’ils décrivent comme une discrimination systématique dans l’accès à l’aide humanitaire et aux services sociaux.

Selon ces manifestants, les réfugiés burundais seraient largement écartés des programmes d’assistance gérés par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et ses partenaires, en particulier ceux destinés aux personnes vulnérables — personnes âgées, handicapées ou enfants non accompagnés.

« C’est la raison pour laquelle, lorsqu’il y a des ONG qui distribuent des vivres, des vêtements ou enregistrent des candidats à la réinstallation dans un troisième pays, nous ne sommes pas informés. Sur 100 bénéficiaires, on compte parfois moins de cinq Burundais », ont-ils dénoncé dans une déclaration remise à leur leader communautaire.

Une réaction du HCR attendue

Alerté par le représentant local des réfugiés, le HCR s’est engagé à examiner la situation. Un responsable de l’agence onusienne, joint sur place, a affirmé que l’organisation ne tolère aucune forme de discrimination :

« À notre connaissance, nous assurons un traitement équitable à tous les réfugiés. Des vérifications seront entreprises afin d’identifier et corriger d’éventuels cas de favoritisme ou de disparités causées par des agents communautaires. »

Les doléances des réfugiés burundais ont également été transmises à plusieurs ONG partenaires du HCR, notamment Plan Malawi et la Croix-Rouge.

Un sentiment d’injustice persistant

Le camp de Dzaleka abrite aujourd’hui plus de 50 000 réfugiés et demandeurs d’asile, principalement originaires de la République démocratique du Congo, du Burundi, du Rwanda et d’Éthiopie. Parmi eux, les Burundais représentent environ 11 000 personnes. Pour beaucoup, la frustration est d’autant plus vive qu’ils se sentent marginalisés alors même qu’ils ont fui des persécutions dans leur pays.

« Nous avons fui notre pays pour échapper aux violences. Mais ici aussi, nous avons l’impression d’être oubliés. C’est comme si notre nationalité était un handicap », confie un réfugié âgé, croisé lors du sit-in.

Dzaleka : un refuge sous pression

Créé en 1994, le camp de Dzaleka est aujourd’hui confronté à de nombreux défis. Depuis quelques années, le Malawi, avec l’appui du HCR, a mis en œuvre une politique d’intégration locale destinée à réduire progressivement l’aide humanitaire directe. Cette stratégie encourage les réfugiés à devenir autonomes à travers l’accès à des activités génératrices de revenus comme l’agriculture, le commerce ou encore la cohabitation avec les communautés hôtes.

Mais cette politique d’autonomisation se heurte à plusieurs limites : manque de ressources, lenteur dans les processus de réinstallation vers un troisième pays, inégalités perçues entre communautés. Dans ce contexte, les Burundais dénoncent une mise à l’écart croissante dans la répartition des aides et des opportunités, renforçant leur sentiment d’injustice au sein du camp.

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Photo : Des agents de la police du Malawi dans une opération de rafle de réfugiés originaires des Grands-Lacs d’Afrique © DR