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Autonomisation des femmes à Gitega : des métiers comme tremplin vers la dignité

SOS Médias Burundi

À Gitega, un centre de formation artisanale transforme le quotidien de centaines de femmes en situation de précarité. Grâce à l’apprentissage de métiers manuels, elles retrouvent peu à peu leur autonomie financière, leur confiance en elles et leur place dans la société.

À Gitega, le Centre de Développement Intégré pour les Femmes (CDIF) s’impose comme un moteur essentiel d’autonomisation pour des femmes confrontées à la précarité. En leur transmettant des savoir-faire artisanaux, ce centre redonne à des dizaines d’entre elles l’estime de soi, l’indépendance économique et un nouvel espoir.

Parmi ces femmes, Sylvane Matore, 38 ans et mère de deux enfants, témoigne avec émotion de son parcours. Née sans doigts ni orteils, elle a longtemps vécu dans la marginalisation. « Tous mes frères et sœurs ont fondé leur famille. Moi, je n’étais même pas en mesure de m’acheter des habits ou des chaussures. Mariée, j’ai connu la misère : nourrir mes enfants, payer le loyer ou accéder aux soins était un combat quotidien. C’est ce qui m’a poussée à apprendre la couture », confie-t-elle.

Francine Nsengiyumva, également âgée de 38 ans et mère de cinq enfants, a traversé une période de grande instabilité après son divorce. « Je passais mes journées à ne rien faire. Je risquais de dériver vers de mauvaises pratiques. J’avais perdu tout espoir, jusqu’au jour où j’ai décidé d’apprendre la couture », raconte-t-elle.

Pour Éméline Nibitanga, 30 ans, diplômée des humanités générales, le manque d’opportunités d’emploi a été un frein à ses aspirations. « Comme je ne trouvais pas de travail, j’ai choisi de me former à la tricoterie. Mon mari seul ne pouvait pas assumer toutes les charges familiales. Aujourd’hui, je contribue moi aussi aux dépenses du foyer », explique-t-elle.

Ces trois femmes font partie des 826 bénéficiaires du Centre, regroupées en 23 coopératives, ayant reçu une formation dans divers métiers : couture, vannerie, tricoterie, bijouterie, tissage, cordonnerie ou encore poterie. Une initiative mise en place pour répondre à une réalité préoccupante : la multiplication de femmes indigentes à la recherche d’un soutien durable.

« Beaucoup de femmes frappaient à nos portes sans perspective d’avenir. Nous avons compris que leur enseigner un métier manuel pouvait les aider à générer des revenus et à devenir indépendantes », explique Mme Anne Marie Ndayisaba, directrice du CDIF.

Au cœur de Gitega, capitale politique du pays, cette initiative s’inscrit comme un jalon déterminant dans le combat pour l’émancipation des femmes vulnérables. En leur offrant une formation professionnelle, le Centre ouvre la voie vers une vie digne, fondée sur la résilience, l’autonomie et une transformation sociale profonde.

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Photo : Des femmes suivies et équipées par le Centre de Développement Intégré pour les Femmes de la commune de Gitega © SOS Médias Burundi