Bubanza : 20 ans de prison pour un Imbonerakure meurtrier – un verdict rare dans un climat d’impunité persistante

SOS Médias Burundi
Un membre de la ligue des Imbonerakure a été condamné à 20 ans de prison pour meurtre par le tribunal de grande instance de Bubanza. Une décision saluée par la partie civile mais qui reste exceptionnelle, dans un contexte où les violences impliquant cette ligue sont rarement sanctionnées.
Jeudi 16 mai, le tribunal de grande instance de Bubanza (ouest du Burundi) a prononcé une peine de 20 ans de servitude pénale à l’encontre de Ntibazonkiza Élisée, un jeune homme affilié à la ligue des Imbonerakure, reconnu coupable du meurtre de Barasurwa, un homme d’une cinquantaine d’années originaire de la colline Buhororo II.
Les faits remontent au 12 mai. Ce jour-là, la victime s’était rendue au domicile de Jean Marie Nsengiyumva, à qui elle avait prêté de l’argent, afin de réclamer un remboursement. C’est alors que Ntibazonkiza Élisée, proche du débiteur, aurait violemment agressé Barasurwa, entraînant sa mort.
Lors de son audience, l’accusé a plaidé coupable et reconnu avoir agi en compagnie d’un autre jeune Imbonerakure, toujours en fuite à ce jour. En plus de la peine de prison, le tribunal a ordonné le versement d’une indemnité de 10 millions de francs burundais à la famille du défunt.
Si la partie civile salue cette décision de justice, la douleur demeure vive au sein de la famille de la victime. Le corps de Barasurwa reste toujours à la morgue de l’hôpital de Bubanza, faute de moyens pour organiser les funérailles.
« Nous n’avons rien. Que ceux qui ont tué notre père s’occupent de son enterrement », a confié un proche, exprimant le désarroi d’une famille livrée à elle-même.
Ce jugement intervient dans un contexte de critiques récurrentes à l’encontre des Imbonerakure, souvent accusés d’intimidations, d’agressions ciblées et d’actes de violence restés impunis. Pour nombre d’observateurs, cette condamnation reste l’exception plutôt que la règle.
« C’est une avancée symbolique, mais elle demeure isolée », estime un représentant d’une ONG locale. « La majorité des plaintes visant des membres de cette ligue n’aboutissent jamais. Il est temps que l’appareil judiciaire burundais rompe avec la culture de l’impunité et garantisse une justice équitable pour tous. »
Désormais, la pression monte sur les autorités pour retrouver le complice toujours en cavale. Car à Bubanza comme ailleurs, un seul verdict ne suffira pas à restaurer la confiance dans une justice encore perçue comme inégale et sélective.
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Photo : Le bâtiment abritant le tribunal de Bubanza, qui a condamné Élisée Ntibazonkiza © SOS Médias Burundi