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RDC : 360 réfugiés rwandais libérés après des années de captivité sous le joug des FDLR

SOS Médias Burundi

Ce samedi 17 mai , 360 Rwandais retenus en captivité par les FDLR ont été rapatriés vers leur pays d’origine, avec le soutien du HCR. Si cette opération marque une avancée humanitaire, elle met aussi en lumière les tensions régionales persistantes et les défis de la réintégration dans une région ravagée par les conflits.

Un groupe de 360 ressortissants rwandais a été rapatrié ce samedi vers leur pays d’origine, après avoir passé plusieurs années en captivité sous le contrôle des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) dans l’est de la République démocratique du Congo. Cette opération, de nature humanitaire, a été menée avec l’appui du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), qui prévoit de faciliter le retour de plus de 2.000 personnes dans le cadre d’un vaste programme de rapatriement volontaire.

Les FDLR, un groupe armé au cœur des tensions régionales

Composés en majorité d’anciens militaires et miliciens rwandais impliqués dans le génocide de 1994 contre les Tutsis, les FDLR opèrent depuis des années dans les provinces congolaises du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Ils y ont établi des bases en profitant du climat d’insécurité chronique et du faible contrôle de l’État sur ces territoires reculés.

La présence persistante de ce groupe armé alimente une tension diplomatique durable entre Kinshasa et Kigali. Le gouvernement rwandais accuse la RDC de fermer les yeux — voire de soutenir — les activités des FDLR. De son côté, le président congolais Félix Tshisekedi qualifie les FDLR de « force résiduelle composée de bandits » et assure qu’ils ne représentent plus une menace significative pour le Rwanda.

Kinshasa, pour sa part, reproche au Rwanda de soutenir activement le M23, un mouvement rebelle majoritairement composé de Tutsis congolais, et d’envoyer illégalement ses troupes en territoire congolais. Depuis janvier 2025, le M23 contrôle plusieurs chefs-lieux stratégiques dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, aggravant la crise sécuritaire dans la région.

Des récits poignants de captivité

À la frontière de Goma, des témoignages recueillis par SOS Médias Burundi retracent les conditions de vie difficiles subies par ces exilés.

Josiane, mère de trois enfants, raconte : « On vivait dans une peur constante. Ils nous empêchaient de rejoindre les zones contrôlées par l’armée congolaise ou les ONG. » Elle affirme avoir passé neuf longues années sous la coupe des FDLR, cachée dans la brousse.

Jean-Paul, 27 ans, témoigne avec émotion : « Je n’avais que deux ans quand mes parents ont été enlevés. Aujourd’hui, je retourne au Rwanda pour la première fois, avec le sentiment d’être enfin libre. »

Alphonsine, une autre rapatriée, souligne la difficulté du processus de réinsertion : « Beaucoup d’entre nous n’ont aucun papier d’identité. Nous sommes nés et avons grandi dans la forêt. Le Rwanda, pour nous, c’était une idée, pas une réalité. Nous avons besoin d’aide pour nous reconstruire. »

Un retour porteur d’espoir mais semé d’incertitudes

Si cette opération de rapatriement est saluée comme une avancée humanitaire majeure, elle soulève néanmoins plusieurs interrogations : comment garantir l’identification fiable de ces rapatriés ? Les autorités congolaises disposent-elles des moyens nécessaires pour démanteler durablement les groupes armés étrangers comme les FDLR ? Et surtout, comment rétablir une paix durable dans une région gangrenée par des conflits à la fois internes et transfrontaliers ?

Pour de nombreux observateurs, seule une réponse politique sérieuse, fondée sur un dialogue ouvert entre la RDC, le Rwanda et les partenaires internationaux, permettra de briser le cycle de violences dans la région des Grands Lacs.

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Photo : Des anciens réfugiés pris en otage par les FDLR, selon leur récit, rentrent au Rwanda en passant par la frontière entre Goma et Gisenyi, le 17 mai 2025 © SOS Médias Burundi