Burundi : arrestations et violences ciblées contre des membres de la coalition « Burundi bwa Bose » à Makamba

SOS Médias Burundi
Makamba, 12 mai 2025—À moins d’un mois des élections législatives et communales prévues le 5 juin 2025, la tension politique s’accentue au Burundi. Dans la province méridionale de Makamba, des arrestations, des séquestrations et des actes d’intimidation visant des membres de la coalition d’opposition « Burundi bwa Bose » et du parti CNL se multiplient. Les Imbonerakure, jeunes affiliés au parti au pouvoir, sont pointés du doigt.
À Gasange, en commune Makamba, Nzoyihaya Vincent, représentant de la coalition sur cette colline, a été arrêté mercredi dernier et incarcéré au cachot du commissariat communal. Le même jour, Hatungimana Gaspard, responsable de la coalition dans la zone Kabuye, a lui aussi été interpellé. Selon des témoins, il aurait échappé de peu à l’incarcération, mais demeure depuis lors introuvable.
Dans la commune voisine de Mabanda, deux autres membres de la coalition ont également été arrêtés la semaine dernière, dans des conditions encore floues selon les responsables provinciaux de « Burundi bwa Bose ».
Des actes de violence ont également été signalés. Sur la colline Kabo, d’anciens détenus membres de la coalition ont été séquestrés par des Imbonerakure mardi dernier. Ces derniers les accusaient d’avoir dénoncé à la police les agissements de l’un des leurs, Benjamin Niyoyankunze, suspecté d’avoir tenté de sectionner le bras de Jonas Niyomwungere, militant de la coalition, dans la nuit du 9 au 10 mai. Malgré la gravité de l’agression, l’auteur présumé n’a pas été arrêté, les Imbonerakure ayant fait barrage à la police.
À Buheka, en commune Nyanza-Lac, un militant surnommé « Parizi » a été violemment battu par des jeunes du parti au pouvoir avant d’être conduit à une position locale, sans qu’aucune charge ne soit officiellement retenue contre lui.
Par ailleurs, en commune Kayogoro, deux militants du parti CNL sont détenus au cachot du parquet de Makamba. Ils sont soupçonnés d’avoir distribué des tracts électoraux. D’autres militants sont en fuite.
Les responsables de « Burundi bwa Bose » dénoncent une campagne d’intimidation systématique contre leurs membres. Ils affirment que de simples supports électoraux — tels que des logos et tracts — sont utilisés comme prétexte pour procéder à des arrestations arbitraires.
Ces incidents s’ajoutent à une série de violences politiques qui entachent le processus électoral, alimentant les craintes d’un scrutin sous haute tension.
La ligue des jeunes du parti CNDD-FDD, les Imbonerakure — littéralement « ceux qui voient loin » en kirundi — est régulièrement accusée par des organisations nationales et internationales de jouer un rôle central dans la répression politique au Burundi. Présents dans toutes les communes du pays, ces jeunes participent activement aux rondes nocturnes aux côtés des forces de l’ordre et à la sécurisation des frontières. Mais ils sont aussi fréquemment cités dans des cas de violences, d’intimidations, de séquestrations et d’exécutions extrajudiciaires, en particulier à l’encontre des membres de l’opposition ou de la société civile.
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Photo : le parquet de Makamba où certains opposants sont détenus © SOS Médias Burundi