Bubanza : trois détenus s’évadent de prison avant d’être rattrapés dans la nuit

SOS Médias Burundi
Bubanza, 11 mai 2025- Une évasion nocturne a brièvement troublé la sécurité autour de la prison centrale de Bubanza (ouest du Burundi). Trois hommes poursuivis pour vol qualifié ont tenté de fuir dans la nuit du 9 au 10 mai, avant d’être rapidement repris par les forces de l’ordre. Une enquête est en cours pour élucider les circonstances de cette fuite.
Une tension inhabituelle a régné dans les environs de la prison de Bubanza dans la nuit du vendredi 9 au samedi 10 mai. Trois détenus, tous inculpés de vol qualifié, sont parvenus à s’échapper peu après 19 heures. Des coups de feu ont retenti peu après leur fuite, selon plusieurs témoins habitant près de l’établissement carcéral.
« Les tirs venaient de l’intérieur de la prison. On a compris qu’il se passait quelque chose de grave », confie un riverain, sous anonymat.
Les trois évadés sont originaires de différentes localités : l’un vient de Musenyi, en commune Mpanda, un autre de Musigati, et le troisième de la province de Ngozi (nord). Les autorités carcérales affirment qu’une opération rapide a permis de les retrouver et de les ramener à la prison quelques heures plus tard.
« Ils ont été repris grâce à une coordination entre la police, l’administration pénitentiaire et les populations locales », a déclaré à SOS Médias Burundi un responsable de la prison, qui a requis l’anonymat.
L’administration indique que les trois hommes feront désormais face à des poursuites supplémentaires pour tentative d’évasion. Une enquête interne a été ouverte afin de déterminer si cette fuite a pu bénéficier de complicités internes ou externes.
Cette évasion met en lumière, une fois de plus, les défis persistants du système carcéral burundais.
Conditions de détention préoccupantes
Les prisons burundaises souffrent d’une surpopulation chronique. En 2023, on y dénombrait plus de 13.600 détenus pour une capacité officielle d’à peine 4.300 places, soit un taux d’occupation de plus de 315 %. Face à cette situation, les autorités ont libéré plus de 5 .400 détenus en novembre 2024 dans le cadre d’un décret présidentiel visant à désengorger les établissements pénitentiaires.
Mais au-delà des chiffres, les conditions de détention sont régulièrement dénoncées par les organisations de défense des droits humains. Les prisonniers manquent de nourriture, d’accès aux soins et d’hygiène. De nombreux détenus croupissent en détention provisoire prolongée, sans jugement.
« Il faut évaluer non seulement les failles de sécurité, mais aussi les conditions qui peuvent pousser des détenus à tenter le tout pour le tout », insiste un activiste burundais joint par notre rédaction.
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Photo : une pancarte à l’entrée de la prison centrale de Bubanza