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Bururi : un responsable local des Imbonerakure condamné pour la mort de son demi-frère, la population s’indigne

SOS Médias Burundi

Le Tribunal de grande instance de Bururi, dans le sud du Burundi, a condamné mardi après-midi Méchac Minani, responsable local des Imbonerakure, à deux ans et six mois de servitude pénale principale. Il a été reconnu coupable de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort de son demi-frère, Libère Ndayiragije. Un verdict qui provoque de vives réactions au sein de la population locale.

Le drame remonte au 24 avril dernier, dans la localité de Rushemeza, en commune et province de Bururi. Ce jour-là, un litige foncier a dégénéré entre les deux hommes. Selon des témoignages recueillis sur place, Méchac Minani aurait agressé son demi-frère à coups de poing avant de l’étrangler, alors que celui-ci tentait de l’empêcher d’abattre un arbre sur un terrain en litige.

Alors que le ministère public avait requis vingt ans de réclusion, le tribunal a opté pour une peine beaucoup plus légère. En complément de la peine de prison, Méchac Minani a été condamné à verser dix millions de francs burundais à la veuve de la victime. Faute de paiement, il s’expose à une contrainte par corps de cinquante ans.

Deux sœurs des protagonistes comparaissaient également dans cette affaire. L’une a été reconnue coupable de non-assistance à personne en danger et devra verser deux millions de francs à la veuve. L’autre a été acquittée.

À Kavumvu, localité où Méchac Minani dirige les Imbonerakure, la ligue des jeunes affiliée au CNDD-FDD, le parti au pouvoir, le jugement suscite l’indignation. De nombreux habitants dénoncent ce qu’ils considèrent comme une justice à double vitesse.

« On s’attendait à une peine plus lourde. Ce qu’il a fait, c’est un meurtre », lance un habitant, visiblement choqué.

La famille de Libère Ndayiragije exprime elle aussi son amertume. « Deux ans et demi pour avoir ôté la vie à un homme, c’est une gifle à notre douleur », déplore un proche du défunt. L’avocat de la veuve n’exclut pas de faire appel, estimant que le jugement est « manifestement indulgent au regard de la gravité des faits ».

L’administrateur communal, Félix Niyongabo, a quant à lui appelé au calme, assurant que la justice avait suivi son cours. Mais pour une partie de la population, ce verdict ne fait qu’accentuer la méfiance à l’égard de l’indépendance de la justice, surtout lorsqu’un proche du pouvoir est impliqué.

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Photo : Le chef-lieu de la commune de Bururi au sud du Burundi © SOS Médias Burundi