Nyanza-Lac : des Imbonerakure empêchent l’arrestation d’un suspect accusé d’avoir agressé un opposant

SOS Médias Burundi
Nyanza-Lac, 6 mai 2025 – Une tentative d’arrestation d’un présumé auteur d’une attaque contre un militant de l’opposition a tourné à l’affrontement, lundi 5 mai, à Nyanza-Lac. Des jeunes du parti au pouvoir ont fait bloc contre la police, illustrant un climat de plus en plus tendu dans cette commune du sud du Burundi.
La tension est montée d’un cran lundi 5 mai sur la colline Kabo, en zone Muyange, commune Nyanza-Lac. Des Imbonerakure, membres de la ligue de jeunesse du parti au pouvoir CNDD-FDD, se sont farouchement opposés à l’arrestation de Benjamin Niyoyankunze, identifié comme le principal suspect dans une attaque violente contre un militant de l’opposition.
Selon des témoins, l’intervention policière faisait suite à une agression survenue dans la nuit du vendredi 2 au samedi 3 mai. Jonas Niyomwungere, militant du Sahwanya-FRODEBU et membre actif de la coalition d’opposition Burundi bwa Bose, a été attaqué à coups de gourdins et de pierres. Grièvement blessé, il aurait été laissé pour mort, selon ses proches. « Il a frôlé l’amputation », indique l’un d’eux.
Mais l’arrestation du suspect s’est heurtée à une vive résistance. Des dizaines d’Imbonerakure auraient encerclé les forces de l’ordre, criant au complot et tentant d’empêcher physiquement l’interpellation. « Les policiers ont failli être désarmés. Ils ont dû battre en retraite pour éviter un bain de sang », confie un habitant de la zone Muyange.
Climat délétère et impunité
Dans cette région frontalière du lac Tanganyika, les tensions entre militants du pouvoir et partisans de l’opposition sont récurrentes, mais rarement aussi explosives. Plusieurs habitants dénoncent un climat de peur permanent. « Les jeunes du parti au pouvoir se croient au-dessus des lois. Quand la police elle-même se retire, que peut faire un simple citoyen ? », s’interroge un notable local.
Du côté de la coalition Burundi bwa Bose, on crie à l’impunité. « Ce n’est pas un simple incident, c’est un signal grave. Nous assistons à une militarisation politique de l’espace civil, et cela met en péril la paix sociale », déclare un de leurs représentants, qui appelle la communauté internationale à « surveiller de près la situation ».
Jusqu’à présent, aucune réaction officielle n’a été faite par les autorités provinciales à Makamba ou nationales. L’état de santé de Jonas Niyomwungere reste également inconnu.
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Photo d’illustration : des anciens combattants du CNDD-FDD et des Imbonerakure dans une parade militaire à Cibitoke © SOS Médias Burundi