Makamba : la terreur s’installe avant les élections, un opposant mutilé, d’autres pourchassés

SOS Médias Burundi
Makamba, 4 mai 2025 – À l’approche des élections législatives et communales, le climat politique se détériore dangereusement dans la province de Makamba, au sud du Burundi. Dans la nuit du 2 au 3 mai, Jonas Niyomwungere, militant du Sahwanya-FRODEBU et membre de la coalition « Burundi bwa Bose », a été violemment agressé à la machette sur la colline Kabo, zone Muyange, commune Nyanza-Lac.
Des témoins désignent comme auteurs de l’attaque un groupe d’Imbonerakure, la ligue de jeunesse du parti CNDD-FDD, mené par un certain Benjamin Niyoyankunze. L’agression aurait été déclenchée sous prétexte d’« irrespect », alors que la victime rentrait chez elle aux alentours de 21 heures. L’opposant a été grièvement blessé et transporté à l’hôpital de Nyanza-Lac, où son état reste critique.
Ce nouvel acte de violence politique s’ajoute à une série d’intimidations visant l’opposition dans la région. Le 20 avril, deux militants du Sahwanya-FRODEBU, Nijimbere Habacuc et Niyongere Renovat, ont été arrêtés dans la même commune. Depuis, plusieurs sympathisants se sont réfugiés dans les collines de Ruvyagira et Buheka, fuyant des milices qui les accusent faussement de détenir des cartes électorales.
À Ruvyagira, deux figures des Imbonerakure sont nommément citées par les habitants : Célestin, enseignant vacataire, et Ruboneye, accusés de coordonner une véritable chasse aux opposants.
Les responsables de Sahwanya-FRODEBU dénoncent une campagne orchestrée par le pouvoir pour étouffer la pluralité politique à l’approche des élections. « Ils veulent faire taire toute voix dissidente par la peur et la violence », affirme un cadre du parti.
Une spirale de répression déjà bien enclenchée à Makamba
Depuis le début de l’année, la petite nation de l’Afrique de l’Est est marquée par des cas répétés de répression ciblée dans la province de Makamba. En février, deux militants du CNL avaient été passés à tabac à Kayogoro. En mars, des réunions politiques de la coalition « Burundi bwa Bose » ont été systématiquement interdites dans plusieurs communes.
La province, jadis considérée comme un bastion de l’opposition, semble aujourd’hui sous haute surveillance des structures affiliées au pouvoir, ce qui alimente la peur et restreint sévèrement l’espace politique.
Face à cette situation, la coalition « Burundi bwa Bose » exige la libération immédiate de ses militants détenus, la protection de ses membres et l’ouverture d’une enquête indépendante. Elle appelle la communauté internationale à redoubler de vigilance face à ce qu’elle qualifie de « glissement vers un autoritarisme assumé ».
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Photo : Jonas Niyomwungere, l’opposant qui a été agressé par des individus soupçonnés d’être des membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD, les Imbonerakure