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Gitega : la mort suspecte de « KONDAKONDA NYORORO » soulève l’indignation à Nyamugari

SOS Médias Burundi

La mort de Damas Butoyi, vendeur ambulant bien connu à Gitega, suscite une vive émotion dans son quartier. Soupçonné à tort de vol, il aurait été passé à tabac en pleine rue avant de succomber à ses blessures quelques heures plus tard. Des témoins pointent du doigt des membres présumés de la ligue des jeunes du parti au pouvoir.

La stupeur et la colère règnent à Nyamugari, un quartier populaire de Gitega, capitale politique du Burundi, après la mort jugée suspecte de Damas Butoyi, un vendeur ambulant de chaussures connu sous le surnom de « KONDAKONDA NYORORO ». Âgé de 43 ans, il a succombé à ses blessures le 29 avril, quelques heures après avoir été violemment agressé en pleine rue par un groupe d’individus soupçonnés d’appartenir aux Imbonerakure, la ligue des jeunes du parti au pouvoir.

Selon des témoins sur place, l’homme aurait été accusé de vol par une femme non identifiée, qui affirmait avoir perdu une mallette contenant 100 000 francs burundais ainsi que deux téléphones, dont un smartphone. L’agression se serait produite en plein jour, devant de nombreux passants.

« Ils l’ont frappé comme s’il n’était rien, en pleine rue, sous les yeux de tout le monde », témoigne un habitant, encore sous le choc.

Libéré quelques heures après le passage à tabac, Butoyi est rentré chez lui, grièvement blessé. Il serait mort vers 19 heures, à son domicile situé sur la 1ère avenue de Nyamugari.

Interrogé par SOS Médias Burundi, le chef de quartier, Majaliwa Ndayisaba, rejette toute implication des Imbonerakure dans cette affaire. Il avance une version controversée : selon lui, la mort de Damas Butoyi serait liée à une consommation excessive de boissons prohibées. Toutefois, il admet qu’aucun objet volé n’a été retrouvé lors de la perquisition effectuée au domicile de la victime.

Mais dans le quartier, cette explication ne convainc personne.

« Ce n’était pas un voleur. Il vendait des chaussures d’occasion, tout le monde le connaissait ici. Ce qu’on lui a fait est inhumain », affirme un voisin, visiblement ému.

Les habitants dénoncent une justice populaire brutale et arbitraire, et réclament l’ouverture d’une enquête indépendante pour faire toute la lumière sur les circonstances de cette mort.

Ce drame s’inscrit dans un contexte de tensions persistantes à Gitega, où plusieurs cas de violences présumées imputées aux jeunes du parti au pouvoir ont été signalés ces derniers mois, sans suites judiciaires notables. En février 2025, un motocycliste a été battu à mort à Kabanga après avoir refusé de « contribuer » à une collecte organisée par des militants du parti. En novembre 2024, une commerçante a été grièvement blessée dans un bar de Magarama après avoir critiqué un responsable local. En août 2024, un enseignant brièvement porté disparu a été retrouvé blessé ; des témoins l’avaient vu emmené de force par des jeunes identifiés comme Imbonerakure.

Ces incidents, souvent passés sous silence ou minimisés par les autorités locales, alimentent un sentiment croissant d’impunité au sein de la population.

Le chef de quartier affirme néanmoins que des enquêtes sont en cours. Il invite toute personne disposant d’informations à se rapprocher de l’Officier de Police Judiciaire en charge du dossier.

Le corps de Damas Butoyi repose toujours à la morgue de l’hôpital régional de Gitega, en attente de l’identification formelle par ses proches.

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Photo : Une rue principale à côté du marché central dans la capitale politique Gitega © SOS Médias Burundi