Tanzanie : après des incidents meurtriers, les réfugiés burundais pointés du doigt par les autorités

SOS Médias Burundi
Kigoma, 2 mai 2025-Le climat est de plus en plus tendu dans les camps de réfugiés burundais en Tanzanie. Après des affrontements meurtriers à Nyarugusu, les autorités locales haussent le ton, menaçant d’expulsions. Des défenseurs des droits humains dénoncent une stratégie d’intimidation et des pressions visant à forcer les retours, en violation du droit international.
Les camps de Nyarugusu et Nduta, qui abritent plus de 100.000 réfugiés burundais, sont sous haute tension. Le mardi 29 avril, un réfugié a été tué par balle et plusieurs autres blessés, dont un policier, lors d’affrontements dans le camp de Nyarugusu. À l’origine, une opération de police visant à démanteler un commerce dit « illégal », que les réfugiés considèrent comme un « vol planifié ».
Deux mois plus tôt, des incidents similaires s’étaient produits à Nduta. En réaction, les autorités tanzaniennes ont convoqué ce mercredi une réunion de « pacification » à Nyarugusu. Mais la faible participation des réfugiés a exaspéré les officiels.
« Ce camp est devenu un centre de fauteurs de troubles. Cela ne sera pas toléré ! », a tonné John Walioba Mwita, Inspecteur général chargé des réfugiés pour la région de Kigoma. Il a menacé d’expulsions : « Si vous ne voulez pas respecter nos lois, vous n’avez qu’à rentrer chez vous ! »
Le ton dur a été appuyé par un responsable du HCR dans la région de Kasulu. « Vous avez franchi la ligne rouge. Le HCR ne vous soutiendra pas dans ces comportements », a-t-il déclaré, ajoutant que les forces de l’ordre « faisaient leur travail ».
Ces propos indignent les défenseurs des droits humains. Pour la Coalition pour la Défense des Droits Humains Vivant dans les Camps de Réfugiés (CDH/VICAR), il s’agit de « barbarie et de violation du droit international humanitaire ». Son président, Léopold Sharangabo, accuse les autorités tanzaniennes de multiplier les provocations avec la complicité du HCR.
« Le but est clair : créer un climat de peur pour forcer les réfugiés à rentrer au Burundi, en violation du principe de non-refoulement », estime-t-il. Il déplore également le silence de l’agence onusienne. « Le HCR trahit son mandat de protection. Il ferme les yeux sur les abus, les arrestations arbitraires et l’intimidation. »
Selon lui, cette passivité encourage l’impunité. « Le HCR ne doit pas se limiter à distribuer de l’aide humanitaire. Il doit défendre les réfugiés, dénoncer les violations et faire pression sur les États comme la Tanzanie. »
La Tanzanie héberge encore plus de 104. 000 réfugiés burundais, dont plus de 50.000 à Nyarugusu, dans un climat de plus en plus hostile. Pour beaucoup, l’avenir reste incertain.
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Photo : des réfugiés sur une place publique dans le camp de Nyarugusu en Tanzanie © SOS Médias Burundi

