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Bubanza: les Imbonerakure sèment la terreur à l’approche des élections

Une vue de la ville de Bubanza où des habitants dénoncent les exactions commises par les Imbonerakure, les membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD, le parti présidentiel © SOS Médias Burundi

SOS Médias Burundi

Bubanza, 3 mai 2025 – À l’approche des élections législatives et communales prévues en juin dans la petite nation de l’Afrique de l’Est, un climat de peur généralisée s’installe dans la province de Bubanza ( ouest du Burundi). Des témoignages accablants pointent les Imbonerakure, ligue des jeunes du parti CNDD-FDD, accusés de harcèlement, de menaces et de violences ciblées contre les opposants. Considérés comme une milice par les Nations unies, ces jeunes activistes suscitent une inquiétude croissante au sein de la population.

Dans les cinq communes de Bubanza, les habitants décrivent une pression constante. Les responsables des Imbonerakure, censés encadrer la jeunesse du parti au pouvoir, sont accusés de multiplier les actes d’intimidation à l’encontre des membres de l’opposition, notamment ceux du parti CNL. Des menaces de mort, des passages à tabac et des intrusions nocturnes sont signalés dans plusieurs localités.

Selon des sources locales, ces jeunes militants exigent que chaque citoyen soutienne publiquement le CNDD-FDD. « Ils nous demandent de montrer une photo de notre bulletin de vote le jour des élections, sinon on nous traite d’ennemis du parti », déclare un enseignant de la commune de Musigati, qui a choisi de rester anonyme par peur de représailles.

Les Imbonerakure ont déjà été pointés du doigt par plusieurs rapports d’organisations internationales. En 2018, l’ONU les a qualifiés de milice partisane, dénonçant des exactions commises contre des opposants politiques, des journalistes et même des citoyens ordinaires. Ces agissements semblent aujourd’hui se reproduire dans le contexte électoral.

Des réunions de propagande organisées tard dans la nuit virent souvent au défoulement verbal. « Les propos tenus sont d’une extrême violence. On parle de traîtres à éliminer », rapporte un habitant de Bubanza- centre.

Un défilé des Imbonerakure en province de Makamba, août 2023 © SOS Médias Burundi
Un défilé des Imbonerakure en province de Makamba, août 2023 © SOS Médias Burundi

Derrière cette stratégie de terreur, certains observateurs voient une tentative désespérée du CNDD-FDD de contenir une chute de popularité. Une source proche de l’administration confirme : « Les dirigeants savent que les électeurs sont déçus. Alors, ils utilisent les Imbonerakure pour maintenir leur emprise sur la population. »

Les autorités, elles, restent prudentes. Le gouverneur Cléophace Nizigiyimana dit être au courant de certains faits, mais affirme qu’aucune plainte formelle n’a été déposée. Il appelle la population à préserver la paix.

Pourtant, sur le terrain, l’angoisse est palpable. Des familles quittent discrètement leurs collines, d’autres entrent dans la clandestinité. Des messages à caractère ethnique circulent, ravivant de vieilles blessures communautaires.

Alors que les Burundais s’apprêtent à élire leurs représentants au niveau local et national, les craintes de violences électorales refont surface, nourries par une campagne menée sous la menace et l’intimidation.

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Photo : une vue de la ville de Bubanza où des habitants dénoncent les exactions commises par les Imbonerakure, les membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD, le parti présidentiel © SOS Médias Burundi