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Bukavu : affrontements entre les FARDC et les Wazalendo, la population en panique

SOS Médias Burundi

Des combats ont opposé ce jeudi les FARDC aux miliciens Wazalendo dans le territoire d’Uvira, au Sud-Kivu. Officiellement alliés dans la lutte contre le M23, les deux camps s’affrontent désormais, plongeant la population dans l’angoisse. Malgré les dénégations des autorités provinciales, les témoignages recueillis sur place confirment l’intensité des combats.

Des affrontements violents ont opposé, jeudi 1er mai, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) aux miliciens Wazalendo sur les hauteurs d’Uvira, dans la province du Sud-Kivu. Ces combats, survenus dans un contexte de tensions croissantes entre les deux camps pourtant alliés contre le M23, ont semé la panique parmi les habitants et perturbé les activités économiques de la région.

Les échanges de tirs se sont principalement concentrés dans les collines de Kasenga et Kavimvira. D’après plusieurs témoignages recueillis sur place, les hostilités auraient été déclenchées par une tentative des FARDC d’installer de nouvelles positions militaires à Kituntu, une localité située à une dizaine de kilomètres d’Uvira. Cette opération a été interprétée comme une provocation par les miliciens Wazalendo, pourtant soutenus par les autorités congolaises dans d’autres zones de conflit.

« Les FARDC n’ont pas combattu le M23 à Kamanyola, Nyangezi, Bukavu ou Goma. Maintenant, ils veulent s’en prendre à nous, les Wazalendo », a déclaré, sous couvert d’anonymat, un membre du groupe armé.

Tout au long de la journée, des tirs nourris et des explosions d’obus ont retenti dans les montagnes de Kasenga et Kakombe. Pris de peur, de nombreux habitants ont fui leurs foyers pour se réfugier dans les quartiers périphériques d’Uvira, située à l’extrême est du pays, près de la frontière avec le Burundi.

À l’heure où nous publions cet article, aucune déclaration officielle n’a été émise par le commandement local des FARDC, malgré nos multiples tentatives de contact.

Cette poussée de violence intervient une semaine après des affrontements similaires signalés dans les collines de Kijaga et Kirungwa. Pourtant, l’administration provinciale du Sud-Kivu continue de nier publiquement l’existence de tout affrontement entre les FARDC et les Wazalendo dans la région d’Uvira.

La société civile, de son côté, dénonce une situation préoccupante. Elle condamne fermement cette série de violences et appelle les parties prenantes à faire preuve de retenue et à privilégier la voie du dialogue.

Des observateurs indépendants alertent sur les risques d’une escalade incontrôlée. Certains accusent les Wazalendo de multiplier les abus dans la région, en échappant à tout encadrement hiérarchique.

« Ils perçoivent illégalement des taxes dans les ports, aux postes douaniers et même sur les routes. Beaucoup circulent armés, en uniforme militaire. En février, plusieurs soldats déserteurs ont rejoint leurs rangs dans la plaine de la Ruzizi et à Uvira », affirme un analyste basé dans la région.

Cette flambée de tensions survient alors que, dans le centre de Kaziba (territoire de Walungu), le mouvement rebelle M23 a récemment pris le contrôle de plusieurs positions. Ce revers a forcé les FARDC, les troupes burundaises et les Wazalendo à battre en retraite, accentuant davantage le climat d’instabilité dans l’est de la RDC.

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Photo : Un check-point des casques bleus de la Monusco à Uvira dans le Sud-Kivu © SOS Médias Burundi