RDC : Clandestine et menacée, la journaliste burundaise Gérardine Ingabire appelle à l’aide
SOS Médias Burundi
Réfugiée au camp de Mulongwe dans l’est de la République démocratique du Congo, la journaliste burundaise Gérardine Ingabire vit désormais dans la clandestinité avec ses deux enfants. Menacée après sa libération par la police congolaise, elle lance un appel désespéré à la communauté internationale. Soupçonnée à tort de liens avec des groupes armés, elle est aujourd’hui sans protection, sans ressources, et dans une situation humanitaire critique.
Arrêtée le 16 avril à Mulongwe puis libérée deux jours plus tard, Gérardine Ingabire n’a depuis cessé de recevoir des menaces anonymes. Des individus non identifiés se seraient même présentés à son domicile, l’obligeant à fuir avec ses enfants de quatre ans et un an et demi. Elle se cache depuis, coupée de tout, dans un contexte sécuritaire de plus en plus instable.
« Je crains pour ma sécurité. Je suis harcelée et je n’ose plus rentrer chez moi », confie-t-elle d’une voix tremblante lors d’un échange téléphonique avec SOS Médias Burundi. Sa fatigue et sa peur transparaissent à chaque mot.
Soupçons infondés et harcèlement continu
La journaliste est accusée, sans preuves, de collaborer avec des groupes armés opérant dans la région – une allégation qu’elle dément fermement. Elle n’est pas un cas isolé : ces dernières semaines, plusieurs réfugiés burundais dans les camps du Sud-Kivu ont été enlevés, torturés ou même assassinés sur la base d’accusations similaires.
Les circonstances de son interpellation sont revenues sur le devant de la scène après la publication, le 21 avril, de notre article intitulé : Photo de la semaine : arrestation d’une journaliste burundaise à Mulongwe, soupçonnée de liens avec le groupe RED-Tabara. Relâchée sous conditions, Gérardine Ingabire reste sous la menace d’une reconvocation par les autorités et n’a pas l’autorisation de quitter le camp.
Cette interdiction l’empêche de rejoindre Malindi, où elle est censée travailler pour la radio communautaire Amani. Elle se retrouve ainsi à la fois assignée à résidence, menacée et sans moyens de subsistance.
Une mère en détresse, une journaliste en danger
Comme l’ensemble des résidents du camp de Mulongwe, elle n’a reçu aucune aide alimentaire depuis cinq mois. Les réfugiés survivent en cultivant ou en trouvant de petits travaux dans les villages voisins – une option qui lui est aujourd’hui interdite pour des raisons de sécurité.
« Je n’ai plus accès à aucune ressource. Je vis dans la peur et l’isolement total avec mes enfants. Si rien n’est fait pour me venir en aide, demain risque d’être trop tard », alerte-t-elle avec gravité.
Son appel s’adresse particulièrement aux organisations de défense des droits humains et aux structures d’aide aux journalistes en exil.
« Je suis réfugiée, journaliste, et mère. Je demande simplement à vivre en sécurité », plaide-t-elle.
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Géraldine Ingabire, la journaliste réfugiée burundaise qui vit en clandestinité suite aux menaces qu’elle subit © SOS Médias Burundi
