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Bujumbura : un journaliste de Bonesha FM agressé à l’Université du Burundi , un signal alarmant pour la liberté de la presse

SOS Médias Burundi

Le journaliste Willy Kwizera, travaillant pour la radio Bonesha FM, a été violemment agressé ce lundi matin sur le campus Mutanga de l’Université du Burundi, alors qu’il réalisait un reportage sur les conditions de vie des étudiants.

Vers 10 heures, alors qu’il recueillait des témoignages, plusieurs étudiants se réclamant de la représentation estudiantine l’ont interpellé. Pressentant un danger, il a tenté de se retirer, mais a été rapidement rattrapé.

Une agression d’une brutalité extrême

Selon son témoignage, trois jeunes hommes l’ont poursuivi, intercepté et forcé à présenter sa carte d’identité. Conduit de force jusqu’à l’ancien restaurant universitaire, puis vers le 9ᵉ pavillon, siège de la représentation estudiantine, il a été violemment passé à tabac.

« Ils m’ont roué de coups avec une crosse de fusil, m’ont menacé de mort et ont déclaré qu’ils allaient cacher mon corps dans le sous-sol », raconte Willy Kwizera.

Six individus ont participé à l’agression, l’empêchant de crier en le frappant au cou. Gravement blessé au dos, aux jambes et au visage, son état de santé est aujourd’hui critique.

Un journaliste déjà pris pour cible

Ce n’est pas la première fois que Willy Kwizera subit des atteintes à sa liberté de journaliste. Le 21 avril dernier, il avait été arrêté par des agents du Service National de Renseignement (SNR) et de la police nationale. Détenu plus de huit heures dans un cachot de la police à Bujumbura, il avait été accusé d’insurrection avant d’être relâché sans qu’aucune charge officielle ne soit retenue contre lui.

Un appel à la protection

Depuis son lit d’hôpital, Willy Kwizera lance un appel pressant : « J’en profite pour demander que ma sécurité soit assurée. Si ma vie est menacée, les responsables seront ce groupe d’étudiants du campus Mutanga. »

La réaction de Bonesha FM

Raymond Nzimana, directeur de Bonesha FM, a vivement condamné l’agression : « Même en cas de faute, nul n’a le droit de se faire justice soi-même. Nous demandons une enquête sérieuse pour que les coupables soient traduits devant la justice. »

Il rappelle que Bonesha FM est une radio légalement agréée par le Conseil National de la Communication (CNC) et appelle au respect du droit fondamental d’informer.

Un climat préoccupant pour la liberté de la presse

Cette agression intervient dans un contexte particulièrement tendu pour les médias au Burundi. Le pays figure à la 108ᵉ place sur 180 au Classement mondial 2024 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF), avec un score de 51,78.

Les journalistes burundais restent exposés aux intimidations, arrestations arbitraires et aux pressions croissantes visant les médias indépendants.

À quelques jours de la Journée mondiale de la liberté de la presse (3 mai), l’attaque contre Willy Kwizera illustre une fois de plus la gravité des menaces persistantes qui pèsent sur la profession dans le pays.

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Photo : Willy Kwizera, le reporter de la radio Bonesha FM, agressé deux fois dans une semaine dans l’exercice de son métier dans la ville commerciale Bujumbura