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Bubanza : le commerce informel féminin, pilier économique des ménages

Des vendeuses de fruits au marché de Bubanza, avril 2025 © SOS Médias Burundi

SOS Médias Burundi

Bubanza, 28 avril 2025- À Bubanza, dans l’ouest du Burundi, le commerce informel est majoritairement animé par les femmes. Grâce à leur dynamisme et à l’ingéniosité de leurs initiatives, elles contribuent activement à améliorer les conditions de vie de leurs familles.

Dans ce centre commercial en pleine effervescence, les femmes dominent le secteur des petits commerces. Elles achètent des produits agricoles qu’elles revendent au marché, ou proposent divers services essentiels à la population locale.

Un exemple innovant est le service de pilage des feuilles de manioc : «Aujourd’hui, plus besoin de chercher mortier et pilon pour piler les feuilles de manioc. Ce service m’aide à gagner ma vie, nourrir ma famille et payer l’école de mes enfants », témoigne fièrement une membre d’un groupement de femmes.

Des commerçantes réceptionnent des sacs de produits vivriers avant de les revendre au marché de Bubanza, avril 2025 © SOS Médias Burundi
Des commerçantes réceptionnent des sacs de produits vivriers avant de les revendre au marché de Bubanza, avril 2025 © SOS Médias Burundi

La vente de produits vivriers — maïs grillé, fruits, légumes, huile de palme, schikwangs, haricots, riz et maïs — est assurée à près de 98 % par des femmes. En dehors de quelques commerçantes ayant des boutiques, la majorité financent leurs activités grâce aux tontines locales, appelées « nawe n’uze ».

« Chaque semaine, nous cotisons une somme fixée ensemble. Ensuite, nous empruntons avec un petit intérêt remboursable après trois mois. Ce capital nous aide à développer notre petit commerce et à soutenir l’économie de nos ménages », expliquent des vendeuses de fruits et légumes.

Un commerce aux bénéfices directs pour les ménages

Même avec des marges modestes, ces activités font toute la différence. Une vendeuse de maïs grillé confie :

« J’achète un tas de maïs à 2. 000 francs burundais et je gagne 1 .000 francs de bénéfice. C’est mieux que de rester à la maison sans rien faire.»

Grâce à ces revenus, de nombreuses femmes parviennent à acheter des produits de première nécessité sans dépendre entièrement de leurs maris :

« Chaque semaine, mon mari me rappelle le jour de réunion de notre tontine. Il sait que mon petit commerce est important pour notre famille. Je peux acheter du savon, du sel, du charbon, et même parfois assurer une ration alimentaire », témoigne une autre commerçante.

Des vendeuses de divers produits alimentaires à Bubanza, avril 2025 © SOS Médias Burundi
Des vendeuses de divers produits alimentaires à Bubanza, avril 2025 © SOS Médias Burundi

Certaines racontent même comment leur commerce a renforcé leur statut au sein de leur foyer :

« Quand mon enfant me demande un pain, je peux le lui offrir. Mes enfants me considèrent davantage. Chaque fin d’année, lors du partage des cotisations avec intérêts, je peux même m’acheter un pagne et un pantalon pour mon mari », dit une membre de tontine, le sourire aux lèvres.

La couture, un métier également prisé par les femmes

En plus du commerce informel, la couture est l’une des activités les plus populaires parmi les femmes de Bubanza. Dans les écoles d’enseignement professionnel, environ 85 % des apprenants en couture sont des filles, alors qu’elles restent peu présentes dans d’autres filières de formation technique.

À Bubanza, ces initiatives féminines témoignent de la capacité des femmes à surmonter les défis économiques, à bâtir leur autonomie et à jouer un rôle central dans la survie et le développement de leurs familles.

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Photo : des vendeuses de fruits au marché de Bubanza, avril 2025 © SOS Médias Burundi