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Nakivale (Ouganda) : des tensions ethniques divisent les églises des réfugiés burundais

Une partie du camp de Nakivale en Ouganda © SOS Médias Burundi

SOS Médias Burundi

Nakivale, 20 avril 2025 – Des divisions ethniques inquiètent dans plusieurs églises des réfugiés burundais installés dans le camp de Nakivale, dans le sud-ouest de l’Ouganda. Deux églises sont déjà officiellement scindées, faisant craindre une escalade de la tension entre fidèles hutu et tutsi.

Parmi les cas les plus emblématiques figure celui de l’église Baptiste située dans la zone du « Base Camp ». Selon des fidèles, les divergences se sont cristallisées autour du partage du leadership religieux.

« Les pasteurs hutu ne veulent pas collaborer avec leurs pairs tutsi, ou vice versa. Et cela nous affecte profondément sur le plan spirituel et communautaire », déplore un membre de cette église.

Un conflit qui prend une tournure préoccupante

Le dernier incident en date concerne l’éviction d’un chef de chorale appartenant à l’ethnie hutu. L’homme et plusieurs fidèles de la même communauté ont quitté l’église mère pour fonder une branche dissidente. « Aujourd’hui, les chrétiens sont divisés en deux camps selon l’ethnie. Chacun suit son pasteur dans des groupes parallèles. Nous craignons que cela ne dégénère en actes de violence », confient plusieurs réfugiés.

Les différends ont été portés devant la police locale et l’administration du camp. D’après une source proche du dossier, des mesures de suspension ou de fermeture temporaire de certaines églises sont envisagées pour prévenir des « troubles à l’ordre public ».

Appels au calme et à la responsabilité

Des leaders communautaires burundais appellent à la retenue. « Nous sommes ici comme réfugiés, nous devrions nous appuyer sur notre foi pour bâtir l’unité, pas pour attiser les divisions », insiste un représentant des réfugiés. Il exhorte les fidèles à revenir à « l’amour de Dieu, qui ne distingue ni ethnie, ni race, ni nationalité ».

Nakivale accueille plus de 140.000 réfugiés, dont environ 33.000 Burundais. Ces derniers se rassemblent dans une dizaine de congrégations chrétiennes. L’administration ougandaise et les responsables religieux sont appelés à s’impliquer activement pour désamorcer la crise avant qu’elle ne prenne une tournure plus grave.

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Photo : une partie du camp de Nakivale en Ouganda © SOS Médias Burundi