Nduta (Tanzanie) : manifestations des réfugiés burundais contre les arrestations arbitraires

SOS Médias Burundi
Nduta, 16 avril 2025 – De violentes manifestations ont éclaté dans le camp de réfugiés de Nduta, dans la région tanzanienne de Kigoma, dans la nuit du 14 au 15 avril. Des réfugiés burundais ont protesté contre les arrestations arbitraires et les enlèvements répétés dans le camp. Deux personnes ont été interpellées, tandis que les tensions restent vives.
Selon plusieurs témoins, la colère a éclaté après qu’un réfugié burundais, Emile Kwizera, a été arrêté dans la zone 7, le visage bandé, puis embarqué dans un pick-up de la police. Des réfugiés l’attendaient à l’entrée du poste de police, espérant bloquer le véhicule et libérer leur compatriote. Ils ont jeté des pierres, brisé les vitres du véhicule, forçant la police à tirer en l’air pour disperser la foule.
En réaction, les manifestants ont coupé des arbres pour bloquer les routes et s’en sont pris à des installations du HCR, notamment des hangars servant aux départs de rapatriés. Des tentes, lits, chaises et matelas ont été incendiés à l’aide du carburant d’un groupe électrogène également détruit.
« Nous voulions montrer au HCR que nous en avons marre de son silence face aux arrestations », expliquent des manifestants.
Le lendemain, les activités étaient quasiment paralysées dans le camp. Les ONG humanitaires n’ont pas ouvert leurs bureaux. Une réunion d’urgence a été convoquée par les autorités tanzaniennes à haut niveau. Le ton était ferme : « Vous avez osé attaquer la police. Ce sont des actes criminels. Vous n’êtes même pas citoyens tanzaniens. Préparez-vous à ce qui va suivre », ont déclaré des responsables sécuritaires, sans laisser la parole aux réfugiés.
Ils ont appelé les réfugiés à « rester calmes » et à répondre massivement au programme de rapatriement volontaire « pour éviter d’autres arrestations ».
Les réfugiés vivent aujourd’hui dans une peur généralisée. Depuis deux semaines, une vingtaine de Burundais ont été arrêtés ou portés disparus. Les plus ciblés sont des intellectuels, anciens étudiants ou militaires. Ils dénoncent un modus operandi suspect, évoquant des listes préétablies, et pointent une possible main des autorités burundaises dans ces opérations.
« Ils savent toujours où frapper. Certains ne dorment plus chez eux », confie une source interne.
Ce mouvement de colère intervient dans un climat déjà tendu, documenté dans un article publié précédemment par SOS Médias Burundi, qui faisait état de plusieurs arrestations inquiétantes dans le même camp.
LIRE AUSSI :
Nduta (Tanzanie) : plusieurs arrestations aux allures d’enlèvements inquiètent des réfugiés
Les réfugiés burundais appellent la Tanzanie, le HCR et les organisations de défense des droits humains à intervenir d’urgence pour garantir leur sécurité en exil. Le camp de Nduta abrite actuellement plus de 58.000 Burundais dans des conditions de vie déjà précaires.
_____________________________________________________
Photo: une partie du camp de Nduta en Tanzanie © SOS Médias Burundi

