Gitega : un détenu abattu par un policier , la famille réclame justice

SOS Médias Burundi
Gitega, 14 avril 2025 — Un détenu a été abattu dimanche 13 avril dans le quartier Nyabiharage, au centre-ville de Gitega ( capitale politique) par un policier alors qu’il tentait de s’échapper. La victime, Jean Marie Hakizimana, âgé de 29 ans, était incarcéré dans les cachots du commissariat provincial de la police à Gitega.
Selon un témoin joint par SOS Médias Burundi, Hakizimana, aide-mécanicien de profession, aurait profité d’un moment où il se soulageait aux toilettes pour prendre la fuite. Il aurait été poursuivi par le caporal-chef Evode Louis Niyonsaba, qui a ouvert le feu sur lui.
« Il a été touché par deux balles, puis achevé à la baïonnette au niveau de la poitrine », affirme sa mère, Fabiola Niyonkuru, qui parle d’un meurtre brutal pour un simple téléphone volé.
L’information est confirmée par Jacqueline Ndayishimiye, cheffe du quartier Nyabiharage, qui indique que le détenu était accusé de vol qualifié. Son corps a été transporté à la morgue de l’hôpital régional de Gitega.
Une famille abandonnée, un agent toujours libre
Mme Fabiola Niyonkuru affirme avoir sollicité l’aide des autorités pour organiser l’inhumation de son fils, mais sans succès. Elle exige des enquêtes indépendantes pour faire la lumière sur les circonstances de cet acte qu’elle qualifie d’assassinat.
« Mon fils n’a jamais été jugé. Il méritait un procès, pas une exécution sommaire. »
Selon les informations recueillies par SOS Médias Burundi, le policier auteur des tirs, le caporal-chef Evode Louis Niyonsaba, n’a pas été interpellé et reste en liberté.
Aucune communication officielle n’a encore été faite par les autorités policières ou judiciaires sur cette affaire.
Des abus policiers toujours dénoncés
Ce drame s’ajoute à une longue série d’accusations portées contre des agents des forces de l’ordre au Burundi. Plusieurs organisations de défense des droits humains ont documenté ces dernières années des exécutions extrajudiciaires, des tortures en détention, des disparitions forcées et des arrestations arbitraires, souvent sans que les responsables ne soient inquiétés.
Selon un rapport d’Amnesty International publié en 2024, l’impunité reste un problème structurel au sein des forces de sécurité burundaises, malgré des promesses de réforme. La population, elle, hésite de plus en plus à dénoncer les abus par peur de représailles.
« La mort de Jean Marie Hakizimana rappelle l’urgence d’un contrôle effectif des forces de l’ordre et d’un système judiciaire indépendant », commente un défenseur des droits humains basé à Bujumbura, la capitale économique du Burundi où sont concentrées les agences des Nations-Unies et l’administration centrale.
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Photo : la place publique à Gitega dans la capitale politique du Burundi où un détenu a été abattu par un policier © SOS Médias Burundi