Kirundo : insécurité nocturne, les gardiens YDS et les Imbonerakure pointés du doigt
SOS Médias Burundi
Au centre urbain de Kirundo (nord du Burundi), une association de jeunes appelée Youth Defense Security (YDS), chargée du gardiennage nocturne, est au cœur d’une vive controverse. Composée principalement de jeunes affiliés au parti CNDD-FDD, cette organisation, censée assurer la sécurité, est accusée de semer le désordre et de protéger des intérêts criminels au lieu de garantir un environnement paisible.
Kirundo, 9 avril 2025- Les veilleurs postés devant les magasins rapportent être régulièrement réveillés de force, malmenés, voire battus par ces jeunes. Selon plusieurs témoignages, ces actions viseraient à s’assurer que les magasins n’aient pas engagé d’autres services de sécurité. Ces mêmes jeunes seraient impliqués dans des vols nocturnes, pénétrant dans les commerces qu’ils étaient censés protéger.
Des vols récurrents sous la surveillance des YDS
Depuis plusieurs semaines, de nombreux commerçants se plaignent d’une recrudescence des cambriolages dans les magasins sous la surveillance de YDS. “Comment expliquer que les magasins soient volés alors qu’ils sont sous la garde de ces jeunes ?”, se questionne un commerçant. Exaspérés, plusieurs d’entre eux ont fait le choix de recruter leurs propres veilleurs indépendants, dénonçant ainsi l’inefficacité, voire la complicité des YDS dans ces actes criminels.
Un exemple particulièrement inquiétant concerne la boutique d’un certain Rurema, un Imbonerakure bien connu du centre urbain de Kirundo. Malgré sa proximité avec ceux qui assurent les rondes nocturnes, sa boutique a récemment été entièrement cambriolée. Ce vol met en lumière l’incohérence des mesures de sécurité et soulève des questions sur la loyauté de ces jeunes dans leurs missions.
Soupçons de complicité avec les forces de l’ordre et l’administration locale
La méfiance à l’égard des YDS va au-delà des simples accusations. Une partie de la population accuse certains policiers et responsables administratifs locaux de collaborer secrètement avec ces jeunes pour faciliter les vols. Des noms circulent dans les rues de Kirundo, dont celui d’Élias Nkurunziza, chef de quartier de Nyange-Bushaza, ainsi qu’un démobilisé connu sous le nom de Minani, tous deux soupçonnés de jouer un rôle dans ces pratiques douteuses.
Les Imbonerakure, un facteur supplémentaire d’insécurité
À cette situation déjà tendue s’ajoutent les patrouilles musclées des Imbonerakure, les jeunes du CNDD-FDD, le parti au pouvoir, qui se livrent également à des violences en plein cœur de la nuit. Le quartier Rupfunda a récemment été le théâtre d’une attaque : des citoyens rentrant chez eux après 22 heures ont été violemment frappés par ces miliciens. Seule l’intervention rapide des militaires en patrouille a permis de les sauver.
Les Imbonerakure, régulièrement impliqués dans des actes de violence, alimentent un climat de peur, notamment envers ceux qui osent sortir après 22 heures.
Une administration silencieuse face à l’escalade de l’insécurité
Malgré des plaintes répétées et des preuves tangibles de violences, l’administration locale semble rester sourde à la situation. Pire encore, elle semble soutenir, tacitement ou non, les actions des jeunes affiliés au parti au pouvoir en valorisant leurs rondes nocturnes. Cette attitude suscite des interrogations sur la véritable volonté des autorités de rétablir l’ordre et la sécurité dans la région.
Appel à la police nationale : un besoin urgent de rétablir l’ordre
Face à cette situation de plus en plus inquiétante, commerçants et résidents du centre urbain de Kirundo lancent un appel pressant aux autorités, notamment à la police nationale. Ils exigent une réponse rapide et des enquêtes approfondies sur les pratiques des YDS et des Imbonerakure. La population espère que des mesures seront prises pour redonner la sécurité à la ville avant que la situation ne dégénère davantage.
_______________________________________________
Photo : une rue au chef-lieu de Kirundo où les abus des de la Youth Defense Security sont rapportés © SOS Médias Burundi
