BUJUMBURA – Le Burundi a commémoré ce lundi 7 avril le 31e anniversaire de la mort tragique du président Cyprien Ntaryamira, disparu dans un crash d’avion à Kigali en 1994. Le drame, qui avait également coûté la vie à deux de ses ministres, s’est produit alors qu’il revenait d’un sommet des chefs d’État en Tanzanie.
L’avion présidentiel, dans lequel se trouvait également le président rwandais Juvénal Habyarimana, a été abattu alors qu’il s’apprêtait à atterrir à Kigali. Cet attentat a immédiatement déclenché le génocide contre les Tutsis au Rwanda, qui a fait, selon le gouvernement rwandais, près d’un million de morts en seulement 100 jours.
Trente et un ans plus tard, les circonstances exactes de ce double assassinat restent floues. Cette zone d’ombre continue d’alimenter la frustration des familles des victimes et ravive les appels à des enquêtes internationales transparentes.
À la veille de la commémoration, Phénias Niyigaba, vice-président du parti Sahwanya Frodebu, a exhorté les autorités burundaises, l’État rwandais et la communauté internationale à lancer des investigations sérieuses et indépendantes.
« Il est temps que justice soit faite, pour les victimes, mais aussi pour garantir une stabilité durable dans notre région », a-t-il déclaré.
Même son de cloche chez Léonce Ngendakumana, ancien président de l’Assemblée nationale, pour qui l’ombre persistante autour de ce drame constitue un frein à la réconciliation régionale.
« C’est un enjeu politique crucial. Les tensions entre le Burundi et le Rwanda, nées à la suite de cet événement, ont gelé toute avancée vers la vérité. Il faut une volonté politique forte pour briser ce silence », a-t-il affirmé.
Monseigneur Gervais Banshimiyubusa, archevêque de Bujumbura qui a célébré la messe commémorative du 7 avril 2025
Lors de la messe commémorative à Bujumbura, l’archevêque Monseigneur Gervais Banshimiyubusa a lui aussi appelé à la vérité, tout en mettant en garde contre toute récupération politique de ce dossier.
« À quand la vérité sur ce passé douloureux ? », a-t-il interrogé, en rendant hommage aux valeurs de justice, d’éthique et de discipline que portait Cyprien Ntaryamira.
Cette commémoration ravive un souvenir encore vif dans les esprits burundais et renforce une exigence partagée : faire enfin la lumière sur les circonstances de cet assassinat et rendre justice. Pour beaucoup, ce n’est pas seulement une question de mémoire, mais un pas essentiel vers une réconciliation sincère et durable dans la région.
Cyprien Ntaryamira avait succédé à Melchior Ndadaye, premier président hutu démocratiquement élu au Burundi, assassiné le 21 octobre 1993 après seulement 102 jours au pouvoir. Sa mort avait provoqué des massacres de Tutsis dans tout le pays, que plusieurs associations de défense des droits humains considèrent comme un génocide. Ndadaye était le fondateur du parti Sahwanya Frodebu.
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Photo officielle de l’ancien président du Burundi Cyprien Ntaryamira, tué dans un crash d’avion à Kigali le 6 avril 1994