Cibitoke : fermeture forcée du site de transit des réfugiés congolais à Rugombo – Un retour risqué vers la RDC

Le site de transit des réfugiés congolais à Rugombo, en province de Cibitoke ( nord-ouest du Burundi), a été brusquement fermé ce mardi 25 mars. Face à leur refus d’être relocalisés à Musenyi, dans la province de Rutana ( sud-est), l’administration burundaise a mis fin à leur hébergement temporaire. Dépourvus de toute assistance humanitaire, des centaines de réfugiés se retrouvent contraints de rentrer en RDC, au péril de leur vie. (INFO SOS Médias Burundi)
Des sources locales parlent d’une fermeture soudaine et controversée.
Le terrain de football de Rugombo, qui servait de site de transit pour des centaines de réfugiés congolais fuyant les combats au Nord-Kivu et Sud-Kivu, est désormais désert. Ce mardi 25 mars, les autorités burundaises ont ordonné la fermeture immédiate du site, laissant les réfugiés face à un dilemme : retourner en RDC, où l’insécurité persiste, ou accepter une relocalisation à Musenyi, dans des conditions jugées précaires.
Depuis le 15 février 2025, ces réfugiés, principalement originaires de Kamanyola, Katogota, Luvungi, Bwegera, Luberizi, Rwenena, Mutarule, Sange, Kiliba et Uvira, avaient trouvé refuge à Rugombo après avoir fui les affrontements opposant l’armée congolaise, soutenue par des militaires burundais et les milices locales entretenues par les autorités congolaises, aux rebelles du M23.
Un refus catégorique de la relocalisation
L’option de transférer ces réfugiés au site de Musenyi, en commune de Giharo (province de Rutana), a suscité une forte opposition. Les réfugiés dénoncent l’insalubrité du site, le manque d’eau potable, ainsi que l’absence de nourriture et de matériel de couchage.
« Nous préférons mourir ici plutôt que d’être abandonnés à Musenyi, où personne ne se soucie de nous », confie un réfugié.

Malgré ces doléances, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) et les autorités burundaises ont maintenu la décision de fermer Rugombo. Le gouverneur de Cibitoke, Carême Bizoza, a rappelé que si la relocalisation ne peut être forcée, « les mouvements transfrontaliers des réfugiés ne sont pas autorisés ». Un cadre du HCR, sous couvert d’anonymat, a expliqué que les protocoles internationaux imposent d’éloigner les réfugiés d’au moins 150 kilomètres de la frontière pour des raisons de sécurité. Le lieu où étaient rassemblés ces réfugiés congolais se trouve non loin de la rivière Rusizi, séparant le Burundi et la RDC.
Un retour périlleux vers la RDC
Face à l’absence d’alternatives, de nombreux réfugiés ont entrepris un retour risqué vers leur pays d’origine. Certains ont traversé la rivière Rusizi, frontière naturelle entre le Burundi et la RDC, s’exposant aux dangers des courants, aux attaques de crocodiles et d’hippopotames. D’autres, originaires d’Uvira et Sange, ont été embarqués dans des bus et des véhicules militaires vers les postes-frontières de Gatumba et Kaburantwa.
Malgré les engagements des instances internationales à protéger ces réfugiés, cette fermeture brutale met en lumière leur détresse et l’incapacité des autorités à leur offrir une prise en charge digne et sécurisée. Pendant ce temps, les combats se poursuivent de l’autre côté de la frontière, laissant des familles entières sans solution viable.
_______________________________________________
Photo : des réfugiés congolais dans la désolation après avoir été chassés par les autorités burundaises du stade de Rugombo, mars 2025 © SOS Médias Burundi