Burundi : disparitions inquiétantes de plusieurs anciens membres présumés du MSD

Après l’enlèvement d’Emmanuel Mfitiye ce lundi à Gitega (capitale politique), d’autres disparitions viennent renforcer l’inquiétude autour des anciens militants du parti d’opposition Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie (MSD), suspendu depuis 2017 au Burundi. Deux autres hommes, un membre présumé du MSD et un ancien militaire à la retraite, tous deux originaires de la commune de Gishubi (province de Gitega), sont portés disparus depuis le 19 mars dernier.
Une série de disparitions inquiétantes
Les deux hommes, amis de longue date, n’ont plus donné signe de vie depuis près d’une semaine. Leur famille et leurs proches, après avoir mené des recherches dans divers cachots et postes de police de la province, restent sans nouvelles et expriment leur profonde inquiétude.
Le contexte de ces disparitions rappelle celui d’Emmanuel Mfitiye, 60 ans, lui aussi ancien membre du MSD, enlevé en pleine journée ce lundi à Gitega par des individus à bord d’un véhicule aux vitres teintées. Des témoins affirment avoir vu des policiers en tenue du Groupement d’appui à la protection des institutions (GAPI) dans la voiture ayant servi à son enlèvement. Selon certaines sources, il serait actuellement détenu par le Service National de Renseignement (SNR) à Bujumbura, bien que les motifs de son arrestation restent flous.
Le spectre du MSD et du Red-Tabara
Le MSD, parti d’opposition suspendu en avril 2017, reste un sujet sensible au Burundi. Son leader, Alexis Sinduhije, ancien journaliste aujourd’hui en exil, est accusé par les autorités burundaises d’avoir des liens avec le groupe armé Red-Tabara, basé dans le Sud-Kivu (Est de la République démocratique du Congo). Ce mouvement est considéré comme terroriste par le gouvernement burundais. Cependant, M. Sinduhije a toujours nié toute implication dans des activités armées.
Les récentes disparitions d’anciens membres présumés du MSD ravivent les craintes d’une répression ciblée contre les opposants ou supposés opposants au régime. Plusieurs organisations de défense des droits humains ont par le passé dénoncé des cas similaires d’enlèvements et de disparitions forcées imputées aux forces de sécurité.
Des appels à la mobilisation et à la transparence
Les familles des disparus appellent les autorités à révéler le sort de leurs proches et à garantir leur sécurité. De leur côté, des organisations locales et internationales des droits humains exhortent le gouvernement burundais à mener des enquêtes transparentes et à mettre un terme aux pratiques de disparitions forcées.
Jusqu’à présent, aucune déclaration officielle n’a été faite sur ces récentes disparitions. Pendant ce temps, l’angoisse grandit parmi les proches des disparus, alors que le pays semble replonger dans un climat de peur et d’impunité.
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Photo : un logo du parti MSD suspendu au Burundi depuis avril 2017