Cibitoke : les réfugiés congolais de Rugombo rejettent leur transfert vers Giharo

Depuis plusieurs jours, des tensions persistent sur le site de réfugiés congolais de Rugombo, dans la province de Cibitoke au nord-ouest du Burundi. Environ 40.000 réfugiés refusent leur transfert vers le site de Musenyi, situé dans la commune de Giharo, province de Rutana dans le sud-est. En cause, des conditions de vie jugées inacceptables et un manque de vivres sur le site proposé par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et les autorités burundaises. (INFO SOS Médias Burundi)
Les réfugiés, en grande majorité issus des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu en République démocratique du Congo, ont fui les combats opposant l’armée congolaise aux rebelles du M23. Arrivés au Burundi depuis plusieurs semaines, ils avaient trouvé refuge à Rugombo, où ils vivent dans des conditions déjà difficiles. Cependant, ils estiment que leur situation serait encore pire à Musenyi.
« Nous avons fui la guerre, mais nous ne voulons pas être envoyés dans un endroit où nos conditions de vie seront encore plus difficiles », confie un réfugié sous couvert d’anonymat.

Selon plusieurs témoignages, le site de Musenyi manquerait d’infrastructures sanitaires et d’approvisionnement suffisant en nourriture et en eau potable. Des réfugiés affirment que des familles transférées là-bas ont été contraintes de dormir à même le sol sous des abris de fortune.
Les autorités burundaises et le HCR face à un dilemme
Le HCR insiste pourtant sur la nécessité de ce transfert. « Il est essentiel de garantir la sécurité de ces réfugiés dans un cadre structuré », explique Félix Ndama, représentant du HCR à Cibitoke. L’agence onusienne affirme que le camp de Musenyi a été aménagé en concertation avec le gouvernement burundais et les acteurs humanitaires pour mieux gérer l’afflux croissant des réfugiés congolais.
Mais face au refus massif des réfugiés, la situation devient de plus en plus tendue. Le gouverneur de la province de Cibitoke, Carême Bizoza, a adopté une position ferme, déclarant que « ceux qui refusent de partir seront renvoyés en République démocratique du Congo ». Une déclaration qui suscite l’inquiétude des réfugiés, déjà traumatisés par les violences dans leur pays d’origine.
Une situation humanitaire préoccupante
Outre la question du transfert, les réfugiés de Rugombo sont confrontés à une grave pénurie de vivres. Beaucoup d’entre eux, ayant loué des maisons autour du site, peinent à payer leur loyer et redoutent l’expulsion. Depuis le vendredi 21 mars, toutes les activités dans le camp sont suspendues, à l’exception d’une clinique mobile qui ne prend en charge que les urgences.
Des ONG locales et internationales alertent sur le risque de crise humanitaire. « La situation est critique. Si rien n’est fait rapidement, des enfants et des personnes vulnérables risquent de mourir de malnutrition et de maladies », alerte une travailleuse humanitaire présente sur le site.
Un appel à l’aide internationale
Cette crise met en lumière les défis auxquels le Burundi fait face en matière d’accueil des réfugiés. Avec un afflux massif de personnes fuyant l’Est de la RDC, les capacités d’hébergement et d’assistance humanitaire sont mises à rude épreuve.
Le HCR et d’autres partenaires humanitaires ont lancé un appel aux donateurs internationaux pour renforcer l’aide aux réfugiés. Cependant, les fonds manquent, et les besoins sur le terrain sont immenses.
Pendant ce temps, les réfugiés de Rugombo restent dans l’incertitude.
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Photo : des policiers en train de forcer des réfugiés congolais à monter dans des bus destinés à les ramener sur le site de Musenyi dans le sud-est du Burundi © SOS Médias Burundi