Rutana : démonstration de force du CNDD-FDD, entre mobilisation et avertissements

Le parti au pouvoir au Burundi, le CNDD-FDD, a organisé une démonstration de force samedi dernier, dans la nouvelle commune de Rutana au sud-est du pays. L’événement a paralysé les activités économiques de la région, avec la fermeture forcée des boutiques et magasins ainsi que l’installation de barrages sur certaines routes. (INFO SOS Médias Burundi)
Dans leurs discours, les cadres du parti ont tenu des propos virulents contre l’opposition, qualifiant ses membres de malfaiteurs sans projet de société et les accusant d’être à l’origine de l’insécurité à l’approche des élections de 2025.
Des moyens de l’État mobilisés et des absents dans le viseur
Selon plusieurs sources locales, différents cadres du CNDD-FDD ont utilisé le charroi de l’État pour se rendre à cette manifestation, un fait souvent dénoncé par l’opposition comme un détournement des ressources publiques à des fins partisanes.
Lors de son intervention, Doriane Munezero, secrétaire nationale chargée de l’information et de la communication au sein du CNDD-FDD, qui représentait le secrétaire général du parti, Révérien Ndikuriyo, a lancé un avertissement aux cadres nommés par décret et absents de la mobilisation. Elle a déclaré que leur absence pourrait compromettre la victoire du CNDD-FDD, insistant sur la nécessité de rester mobilisés pour préserver les acquis de l’ancienne rébellion Hutu.
« Le CNDD-FDD a sauvé le Burundi du gouffre, il ne faut pas laisser la victoire nous échapper », a-t-elle martelé, appelant ainsi à une loyauté absolue des cadres envers le parti.
Un climat politique sous tension
Alors que les élections approchent, le CNDD-FDD affiche une confiance inébranlable, plusieurs orateurs affirmant même que la victoire est déjà acquise. Toutefois, ce type de déclaration soulève des inquiétudes quant à la transparence du processus électoral.
Doriane Munezero a également insisté sur les valeurs du parti, affirmant que tout Burundais courageux et travailleur doit pouvoir se développer.
Dans un climat où la pression sur les opposants et les fonctionnaires semble s’intensifier, cette démonstration de force laisse entrevoir un scrutin sous haute tension. Reste à voir comment évoluera la situation dans les mois à venir.
Dans trois mois, la petite nation de l’Afrique de l’est organise les législatives et communales, qui se dérouleront séparément de la présidentielle de 2027, contrairement aux scrutins antérieurs.
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Photo : un rassemblement du CNDD-FDD en province de Makamba dans le sud du Burundi ©SOS Médias Burundi