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RDC : Thomas Lubanga annonce la création de la « Convention pour la révolution populaire » (CRP)

Thomas Lubanga, ancien chef de guerre condamné par la Cour pénale internationale, a officialisé depuis l’Ouganda la création d’un mouvement politico-militaire en Ituri dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Cette annonce suscite des inquiétudes quant à une possible escalade des violences dans l’Est du vaste pays de l’Afrique centrale. (INFO SOS Médias Burundi)

Depuis Kampala, en Ouganda, Thomas Lubanga a officialisé la création de son mouvement politico-militaire, la « Convention pour la révolution populaire » (CRP). Cet ancien condamné de la Cour pénale internationale (CPI) se trouve depuis plusieurs jours en compagnie de nombreux « leaders » de l’Ituri.

Dotée d’une branche armée baptisée « Forces pour la révolution populaire » (FRP), la CRP affirme vouloir « reprendre le destin de la province de l’Ituri ». Selon le mouvement, la gestion de cette province serait dominée par des acteurs politiques venus de l’Ouest du pays, accusés de corruption, de détournements et d’impunité.

Des accusations contre Kinshasa

Lubanga reproche aux autorités congolaises de « fermer les yeux » sur les massacres et les exactions perpétrés par des groupes armés tels que la CODECO (Coopérative pour le développement du Congo) et les miliciens ougandais- ADF (Forces démocratiques alliées) contre les civils, en particulier les femmes et les enfants. Il estime que cette inaction aggrave la situation humanitaire et sécuritaire en Ituri.

La CRP accuse par ailleurs certains politiciens d’exploiter les tensions communautaires à des fins personnelles, contribuant ainsi à une « balkanisation humaine » et à un processus de déshumanisation de la population iturienne.

Une « révolution populaire » pour restaurer l’ordre ?

Pour les fondateurs de la CRP, le gouvernement de Kinshasa a échoué à rétablir l’ordre en Ituri, laissant place à une gouvernance marquée par la corruption et la prédation. Ils considèrent ainsi leur mouvement comme une « révolution populaire », qu’ils présentent comme la seule issue pour sortir la province du chaos actuel.

Toutefois, certains analystes politiques et experts en sécurité estiment que la CRP risque d’accentuer la prolifération des groupes armés dans l’Est du pays. Cette région est déjà en proie à de violents combats opposant l’armée congolaise aux rebelles du M23, qui contrôlent désormais de vastes portions des provinces de l’Est.

Qui est Thomas Lubanga ?

Thomas Lubanga a été arrêté dans la nuit du 16 au 17 mars 2006 en République démocratique du Congo et transféré au quartier pénitentiaire de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye. Premier individu à être mis en accusation par la CPI, il a vu les charges contre lui confirmées le 29 janvier 2007.

Lubanga était poursuivi pour crimes de guerre, notamment pour enrôlement et conscription d’enfants de moins de 15 ans. Son procès s’est déroulé du 26 janvier 2009 au 26 août 2011. Le 14 mars 2012, la CPI le reconnaît coupable de ces faits et le condamne, le 10 juillet 2012, à 14 ans de prison.

Sa peine prenant effet à partir de son arrestation, il est libéré le 15 mars 2020. En 2017, la CPI l’avait condamné à verser 10 millions de dollars en indemnisations aux victimes, une somme que le Fonds fiduciaire pour les victimes devait en partie prendre en charge en raison de son indigence.

Après sa libération, Lubanga a été reçu par le président congolais Félix Tshisekedi afin de participer à des efforts de paix en Ituri. En 2023, il a été élu député provincial de l’Ituri, mais son élection a été annulée pour fraude.

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Photo : Thomas Lubanga, l’ancien chef de guerre qui a créé un nouveau mouvement politico-militaire, DR