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Nduta (Tanzanie) : un réfugié burundais détenu dans des conditions inhumaines

Stany Nyandwi, la trentaine, a été enlevé par des agents de la police tanzanienne à l’extérieur du camp et conduit dans un lieu, d’abord inconnu. Plus tard il sera retrouvé en prison, en état de santé critique, à cause de la torture qu’il aurait subie. Sa famille exige sa libération immédiate. La police explique que c’est un irrégulier.

INFO SOS Médias Burundi

Le weekend dernier, l’épouse de Stany Nyandwi a appris que son mari est détenu à la prison de Nyamusivya dans le district de Kibondo, région de Kigoma au nord-ouest de la Tanzanie où le camp de Nduta est basé. Elle s’y est rendue directement.

« Je l’ai trouvé dans un état critique, je n’ai pas été autorisée à l’approcher, de peur que je puisse constater des traces de torture sur son corps », a-t-elle raconté à Women’s Legal Aid Center (WILAC), une ONG qui s’occupe de l’aspect juridique dans les camps de réfugiés en Tanzanie. Elle venait de passer une semaine sans nouvelles de son époux.

« Je lui ai parlé à distance. Il était à une dizaine de mètres, gardé par des policiers. Il était très affaibli », se souvient-elle.

La police tanzanienne explique que le détenu  » vit irrégulièrement  » sur le sol tanzanien et qu’il devra être refoulé après sa sortie de prison.

Son épouse a présenté tous les documents qui attestent son statut de réfugié , mais elle ne sera pas écoutée.

Elle a vite saisi « WILAC » pour solliciter une aide juridique. Cette ONG a accepté qu’elle va organiser une descente à cette prison, puis plaider pour que ce Burundais soit traité comme un réfugié.

Dans ce cas, apprend-on, son emprisonnement ne pourra pas dépasser six mois et il sera retourné à son adresse sis au camp de Nduta. Le statut disponible montre que Stany Nyandwi vit dans la zone 6, village 9, numéro de maison 1 où habitent d’ailleurs sa femme et ses huit enfants.

Rafles visant les réfugiés burundais

Des rafles sont opérées ces derniers temps autour des camps de réfugiés de Nduta et Nyarugusu situés dans le nord-ouest de la Tanzanie.

« La police a eu connaissance que plusieurs jeunes burundais et congolais participeraient dans des groupes armés comme Red-Tabara et le M23 installés à l’Est de la RDC ( République démocratique du Congo). Elle veut alors décourager ces mouvements et surprendre ceux qui feraient les recrutements et/ou des réunions », indique un leader communautaire au camp de Nduta. Il n’a ni confirmé ni démenti ces informations.

Il demande à la police de ne pas globaliser et de faire ses enquêtes et patrouilles minutieusement pour  » éviter l’arrestation des personnes innocentes ». Récemment, le président burundais Évariste Ndayishimiye a dit à des diplomates dans la ville commerciale Bujumbura où sont concentrées les agences des Nations-Unies et l’administration centrale que  » le président Paul Kagame est en train d’aguerrir les jeunes réfugiés burundais dans la guerre du Congo avec comme objectif d’attaquer son pays ». Il n’était pas encore clair si ces rafles sont liées à cette déclaration.

Nduta abrite plus de 58.000 réfugiés burundais. Ses occupants ont fui la crise de 2015, consécutive à un autre mandat controversé de feu président Pierre Nkurunziza la même année.

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Un réfugié burundais devant sa maison à Nduta ©️ SOS Médias Burundi