Cibitoke : 20 ans de prison pour un père qui a tué son fils

Le tribunal de grande instance de Cibitoke ( nord-ouest du Burundi) a condamné Jean Paul Hakizimana, alias Ndondo, à 20 ans de servitude pénale pour avoir tué son fils de 15 ans, après l’avoir battu. Le procès a suscité de vives réactions, avec des inquiétudes concernant l’influence de l’accusé sur l’issue du jugement. L’homme est un exploitant des gisements d’or très connu dans la région. (INFO SOS Médias Burundi)
Le tribunal de Cibitoke a prononcé jeudi, une lourde sentence à l’encontre de Jean Paul Hakizimana, surnommé Ndondo, en le condamnant à 20 ans de servitude pénale et une amende de 100.000 francs burundais. L’accusé a été jugé pour le meurtre de son fils de 15 ans, survenu le 22 février dernier. Selon l’accusation, Hakizimana a battu son fils à mort après que ce dernier ait pris le véhicule familial sans permis de conduire, provoquant un accident. Le procès, qui s’est déroulé sur plus de six heures, a pris la forme d’une procédure de flagrance. Le père a persisté à nier sa culpabilité, affirmant qu’il n’avait jamais eu l’intention de tuer son propre enfant.
Cependant, le ministère public a soutenu que l’acte de violence était délibéré, mettant en avant la gravité des coups infligés à la victime. Lors de l’audience publique, dans une salle bondée, Hakizimana a présenté ses excuses, se défendant en précisant qu’il n’avait pas prévu la mort de son fils.
L’affaire a soulevé de nombreuses réactions parmi les habitants de Cibitoke, qui s’étaient déplacés pour suivre le le déroulement du procès. Un défenseur des droits de l’homme, établi dans la région depuis plus de dix ans, a estimé que la procédure judiciaire avait été juste et équitable, soulignant qu’un parent ne devait jamais punir son enfant de manière aussi violente. De nombreux résidents du chef-lieu de province ont exprimé leur satisfaction quant à la lourde peine infligée à cet exploitant des gisements d’or, considérant ce jugement comme un signal fort contre les abus parentaux. Toutefois, des craintes demeurent sur l’éventualité d’une impunité dont pourrait bénéficier Jean Paul Hakizimana.
L’homme d’affaires, réputé pour sa fortune dans le commerce de l’or, aurait bénéficié de protections politiques, ce qui alimente des préoccupations quant à la possibilité d’un relâchement lors des recours judiciaires. Un avocat de la partie civile a souligné que, bien que la justice à Cibitoke ait fait son travail conformément aux normes, il reste des doutes sur l’application effective de la sentence, notamment en raison des liens étroits de l’accusé avec les puissances politiques locales. Les habitants de la région redoutent également une justice populaire si l’accusé venait à être libéré.
Cependant, le verdict rendu par le tribunal reste un symbole de l’engagement de la justice contre la violence familiale, notamment envers les enfants.
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Photo : des résidents de Cibitoke devant le tribunal de province pour suivre le procès de Paul Hakizimana, dit Ndondo, le 6 mars 2025 © SOS Médias Burundi

