Dzaleka (Malawi) : vol de médicaments destinés aux réfugiés
Un important stock de médicaments a été vidé dans la nuit du 26 au 27 février dernier au camp de Dzaleka au Malawi. Des réfugiés qui ont rapporté à la police ce vol se sont retrouvés dans les cachots. Le vol et l’insécurité sont devenus monnaie courante dans ce camp très surpeuplé. (INFO SOS Médias Burundi)
Le « vol » s’est produit dans les heures avancées, vers 2h « où personne ne bouge car tout le camp s’endort ici au camp », explique un réfugié burundais. C’est l’hôpital central qui a été la cible de ce que les réfugiés peinent à qualifier de « vol ».
Curieusement, deux réfugiés qui font le transport rémunéré sur moto étaient aux alentours de cet établissement sanitaire lors des faits.
« Une ambulance est entrée dans le camp et est garée juste à l’entrée du stock des médicaments. Nous avons vu des infirmiers charger plusieurs cartons et sacs dans cette ambulance. En quelques minutes, elle est repartie, empruntant l’entrée principale du camp », ont rapporté à la police des réfugiés, témoins oculaires de la scène.
« Nous avons jugé bon de suivre l’ambulance avec notre moto, et nous l’avons vue disparaître au centre urbain, précisément dans un centre de santé privé de la place dénommée ‘PVT CLINIC’. Alors nous sommes revenus pour alerter la police », ont-ils dit à SOS Médias Burundi.
Ces deux informateurs de la police se sont retrouvés accusés de « complicité avec les voleurs » et de « sortie nocturne non autorisée », ce qui agace leurs voisins.
« Ils sont pour le moment détenus dans les cachots de la police, alors qu’ils ont accompli une action louable, étant donné que nous sommes recommandés d’aider à veiller sur la sécurité du camp. Ils devraient plutôt être récompensés », réagissent des réfugiés qui se sont confiés à SOS Médias Burundi.
Les occupants du camp de Dzaleka au Malawi craignent le pire pour ces « deux témoins oculaires pour fausser les pistes et dérouter les enquêteurs ».
Ils demandent plutôt à la police de faire bon usage des informations reçues et rechercher des auteurs de « ce banditisme organisé ».
Mais ils restent sceptiques.
« Nous savons en fait que la police et quelques officiels sont complices dans cette affaire. Ce n’est pas la première fois que des médicaments sont revendus dans des cliniques privées, mais on n’avait pas de preuves tangibles. Mais voilà qu’ils sont pris en flagrant délit », disent des intellectuels réfugiés.
Ils regrettent que « des médicaments sont vendus » alors qu’il s’observe un manque criant de produits pharmaceutiques au camp de Dzaleka. « A chaque fois, ils nous disent que le stock est vide alors qu’ils attendent finalement la nuit pour vendre notre assistance », déplorent-ils.
Les réfugiés demandent au HCR qui se charge de l’aide médicale à Dzaleka, de prendre la question au sérieux et suivre de près cette affaire pour que les auteurs soient punis conformément à la loi.
Conçu pour accueillir 10.000 personnes, Dzaleka héberge actuellement plus de 50.000 réfugiés.
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Photo : des agents de la police du Malawi dans une opération de rafle de réfugiés originaires des Grands-Lacs d’Afrique
