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Burundi : des restrictions accrues qui asphyxient les réfugiés

Face à des tensions sécuritaires croissantes, le gouvernement burundais impose de nouvelles mesures drastiques aux réfugiés. Ces restrictions, qui limitent leur liberté de mouvement et compliquent leur accès aux ressources essentielles, suscitent une profonde inquiétude. (INFO SOS Médias Burundi)

Le gouvernement burundais a renforcé les restrictions imposées aux réfugiés, limitant drastiquement leur liberté de mouvement. Parmi les mesures annoncées, un couvre-feu strict imposant à tous les réfugiés de regagner leur camp avant 18h et l’interdiction formelle de toute sortie sans autorisation spéciale, rarement accordée.

Ces nouvelles restrictions suscitent une vive inquiétude au sein des communautés réfugiées, d’autant plus que les arrestations se multiplient contre ceux qui tentent de circuler en dehors des camps. Les autorités justifient ces mesures par la situation sécuritaire volatile dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), notamment dans les provinces du Kivu, une région frontalière avec le Burundi, où des conflits armés persistent.

Des conditions de vie de plus en plus précaires

Lors d’une réunion récente entre la police, l’administration des camps, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et des représentants des réfugiés, ces nouvelles mesures ont été officialisées.

Au-delà de la liberté de mouvement, c’est la survie même des réfugiés qui est mise à rude épreuve. Jusque-là, nombre d’entre eux parvenaient à subvenir à leurs besoins en se rendant aux marchés voisins pour vendre ou acheter des produits essentiels.

Les réfugiés de Bwagiriza en province de Ruyigi dans l’est, se rendaient à Ruyigi-centre, ceux de Nyankanda à Kayongozi, toujours à Ruyigi, ceux de Kavumu en province voisine de Cankuzo, à Cankuzo-centre, ceux de Musasa en province de Ngozi ( nord), à Ngozi-centre et ceux de Kinama en province de Muyinga ( nord-est), dans le chef-lieu de cette province également. Ces petits échanges étaient une bouée de sauvetage pour ces populations déjà fragilisées.

Pierre, un réfugié du camp de Bwagiriza, exprime son désespoir : « Nous comprenons les préoccupations sécuritaires, mais cela ne doit pas se faire au détriment de notre survie. Nous avons besoin de sortir pour nous procurer l’essentiel».

Des réfugiés congolais dans une cuisine commune au camp de Kinama dans le nord-est du Burundi © SOS Médias Burundi

Gabriel, réfugié du camp de Kinama, raconte son expérience : « J’ai été arrêté la semaine dernière parce que j’étais en dehors du camp après 18h. On m’accuse de menacer la sécurité, alors que je ne cherche qu’à survivre ».

Une éducation compromise

Les réfugiés expulsés des centres urbains vers les camps doivent aussi faire face à un obstacle majeur : le changement de système éducatif pour leurs enfants.

Ceux qui étaient intégrés dans les écoles burundaises doivent dorénavant s’adapter au programme scolaire des camps, généralement congolais. Cette transition forcée crée de profondes inégalités et pèse sur la scolarité des jeunes réfugiés.

Didier, un père de famille expulsé, témoigne : « Mon fils était bien intégré dans une école burundaise. Maintenant, il doit tout recommencer. Cela affecte son moral et sa motivation ».

Alors que les enfants restés dans les camps poursuivent leur année scolaire au deuxième trimestre, ceux qui viennent d’être transférés doivent se réadapter à un nouveau système, compliquant davantage leur apprentissage.

Une situation toujours plus tendue

Malgré ces restrictions croissantes, le Burundi continue d’accueillir des réfugiés fuyant la guerre en RDC. Si la sécurité est une préoccupation légitime, ces nouvelles restrictions plongent les réfugiés dans une détresse croissante, entre enfermement, difficultés économiques et incertitudes quant à l’avenir de leurs enfants.

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Photo : de nouveaux réfugiés congolais acceullis en province de Cibitoke dans le nord-ouest du Burundi, février 2025 ©SOS Médias Burundi