Cibitoke : afflux massif de réfugiés congolais, plus de 47 000 personnes accueillies en urgence

En moins de deux semaines, la province de Cibitoke a vu affluer près de 50 000 réfugiés congolais fuyant les violences dans leur pays. Ce déplacement massif, composé majoritairement de femmes et d’enfants, met à rude épreuve les capacités d’accueil de cette région burundaise. Face à l’urgence humanitaire, l’ONU appelle à un soutien international pour répondre aux besoins criants en logement, en soins de santé et en approvisionnement alimentaire. (INFO SOS Médias Burundi)
La situation est particulièrement alarmante dans la commune de Rugombo, où 47 632 réfugiés ont été enregistrés, dont une majorité de femmes et d’enfants. Ces derniers fuient les affrontements entre les rebelles du M23 et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) dans l’est du pays. Lors d’une visite sur place le 26 février, Brigitte Mukanga Eno, représentante du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) au Burundi, a indiqué que près de 43 000 réfugiés se trouvent à Rugombo, tandis qu’environ 4 000 autres ont été recensés dans la zone de Cibitoke.
Ces populations en exil ont trouvé refuge dans des stades de football, des écoles et des églises, temporairement transformés en centres d’hébergement. Cette situation a contraint les élèves à rester chez eux, faute de locaux disponibles pour poursuivre leur scolarité. Les conditions de vie sont extrêmement difficiles : parmi les réfugiés, on compte plus de 2 500 femmes enceintes, et au moins quatre femmes ont signalé avoir été victimes de violences sexuelles. Par ailleurs, plus de 7 000 enfants sont recensés, dont trois présentent déjà des symptômes de rougeole.
Des infrastructures insuffisantes
La situation sanitaire est préoccupante. La propagation du paludisme est en hausse, et les infrastructures sanitaires sont largement insuffisantes, avec seulement 35 latrines mobiles pour l’ensemble des réfugiés. En moyenne, une latrine est partagée par 50 personnes, ce qui pose de sérieux problèmes d’hygiène et de santé publique.

Face à cette crise, les autorités burundaises, en collaboration avec le HCR, les ambassades d’Afrique du Sud et de Tanzanie, ainsi que plusieurs ONG, travaillent sur un plan de délocalisation des réfugiés vers d’autres provinces, notamment Rutana et Mwaro, afin de désengorger Cibitoke. Cependant, les besoins restent immenses. Les habitants de la province ont fait preuve d’une solidarité exemplaire en fournissant vivres et vêtements aux réfugiés, mais les ressources sont loin d’être suffisantes pour répondre à l’ampleur de la crise.
Le HCR lance un appel pressant à l’aide nationale et internationale afin d’éviter une détérioration de la situation humanitaire, d’autant que l’afflux de réfugiés pourrait se poursuivre si les combats dans la région du Sud-Kivu en RDC ne cessent pas. Le Burundi, déjà confronté à de multiples défis économiques et sociaux, voit sa capacité d’accueil mise à rude épreuve, rendant une intervention rapide indispensable pour éviter une crise de plus grande envergure.
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Photo : au milieu, la Représentante du HCR au Burundi, Brigitte Mukanga Eno s’entretient avec des réfugiés congolais récemment reçus en province de Cibitoke dont des enfants, février 2025 © SOS Médias Burundi