Derniers articles

Nyarugusu (Tanzanie) : quatre réfugiés burundais détenus sur fond de soupçons

Des réfugiés burundais dans une réunion avec les autorités tanzaniennes au camp de Nyarugusu

Toute une famille de quatre membres est détenue à la prison de Kasulu dans la région de Kigoma au nord-ouest de la Tanzanie. Les détenus sont poursuivis pour coups et blessures. Pourtant, leurs voisins témoignent que l’acte criminel pour lequel ils sont emprisonnés, a été plutôt commis par une cheffe de village et ses hommes. (INFO SOS Médias Burundi)

Célestin Mpazamakuru, son épouse et leurs deux enfants de moins de 10 ans, viennent de passer une semaine à la prison du district de Kasulu.

L’affaire remonte à mi-février. Une femme, soupçonnée et connue comme « une sorcière » est battue très sérieusement. Ce sont entre autres des réfugiés qui se font justice.

L’acte criminel est commis « tout juste à quelques mètres de l’enclos de Célestin Mpazamakuru », situé au village 7, de la zone 11, apprend-on. « Mais lui et son épouse ne sont pas à la maison », ajoutent nos sources. « Ils sont au marché où le couple exerce toujours un petit commerce ».

Quand ils rentrent le soir, ils trouvent la victime agonisante et appellent la police pour la transporter à l’hôpital.

« La victime était délaissée n’eut été la clémence de cette famille de chrétiens protestants », souligne un réfugié burundais de la même zone.

Deux jours après, c’est le chef de ménage, Célestin Mpazamakuru qui est arrêté pour raison d’enquête avant que son épouse et leurs deux enfants ne le rejoignent en prison, une semaine plus tard. « Ils seront accusés de coups et blessures volontaires».

Leurs voisins, irrités par l’affaire vont jusqu’à la prison pour témoigner et exiger la libération de
« ces Bons Samaritains».

« L’acte criminel a été commis sous la supervision de la cheffe du village 7. Tout le monde l’a vue. Elle était accompagnée de sa garde composée de civils appelés Sungusungu. Mais personne n’ose la dénoncer car elle travaille avec les policiers, les gardiens civils et les renseignements burundais pour traquer les opposants au camp», laissent-ils entendre.

A la prison de Kasulu, l’on promet de refaire les enquêtes car ces témoins ont pointé du doigt « plusieurs auteurs du crime dont deux fils de la cheffe de village qui vivent par ailleurs dans la clandestinité depuis, par peur d’être arrêtés ».

Mais, des réfugiés regrettent que « ces innocents » n’ont pas encore été libérés et demandent au HCR de s’impliquer dans cette affaire pour assurer la protection « au moins des mineurs détenus illégalement ». Les réfugiés burundais qui se sont confiés à SOS Médias Burundi disent n’avoir pas confiance en la police locale « corrompue ».

Le dossier fait parler de lui dans le camp de Nyarugusu en Tanzanie, qui abrite plus de 110.000 réfugiés, dont 50.000 Burundais.

_____________________________________________________________________

Photo : des réfugiés burundais dans une réunion avec les autorités tanzaniennes au camp de Nyarugusu © SOS Médias Burundi