Derniers articles

Burundi : mystérieuse disparition de deux commissaires de la CVR-démission forcée ou coup monté?

Depuis le début du mois de février, deux commissaires de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) du Burundi , son vice-président Clément Noé Ninziza et le commissaire Aloys Batungwanayo, sont introuvables. Selon des sources proches des disparus, ils auraient été contraints à la démission par le président de l’Assemblée nationale, à la suite de plaintes émises par le président de la très controversée Commission en charge de la réconciliation entre Burundais. (SOS Médias Burundi)

Certaines sources parlent de climat de tensions au sein de la CVR. Il s’agit d’un climat de méfiance qui s’est installé entre ces deux commissaires et la direction de la CVR, d’après nos sources.

Aloys Batungwanayo, en particulier, avait acquis une certaine notoriété auprès des autorités en place grâce à ses recherches sur les crises ayant endeuillé le pays. Cependant, des accusations de trahison et d’espionnage au profit du Rwanda auraient été portées contre lui et l’adjoint de Pierre Claver Ndayicariye, conduisant à leur convocation et à leur démission forcée.

Deux nouveaux commissaires pour remplacer les disparus

Suite à ces événements, un décret présidentiel a nommé deux nouveaux commissaires en remplacement des démissionnaires. Lors de la séance plénière du 13 février 2025, l’Assemblée nationale a élu Vianney Ndikumana et Mgr Aimé Joseph Kimararungu pour combler ces postes vacants.

De droite à gauche, Clément Noé Ninziza ancien vice-président de la CVR et le commissaire Aloys Batungwanayo

Ces derniers ont des parcours variés, entre administration et engagement religieux, et ont promis d’œuvrer pour la réconciliation nationale.

Une institution controversée

La disparition de ces deux commissaires intervient dans un contexte où le travail de la CVR est souvent sujet à controverse. Le président de la Commission, Pierre Claver Ndayicariye est régulièrement accusé de partialité ethnique dans son approche du passé burundais, ce qui alimente les débats sur l’objectivité et l’impartialité de l’institution.

Une affaire aux nombreuses zones d’ombre

À ce jour, aucune information officielle n’a été communiquée concernant le sort de Clément Noé Ninziza et d’Aloys Batungwanayo. Leur disparition soulève de nombreuses questions et suscite des inquiétudes quant à l’indépendance et à la transparence des travaux de la CVR, qui n’est préoccupée jusqu’à présent que par les massacres de 1972 qui ont emporté plus de Hutus que de Tutsis alors que son mandat couvre la période de 1885 à 2008.

________________________________________________
Photo : le président de la CVR, Pierre Claver Ndayicariye et d’autres commissaires de cette commission , et Abel Gashatsi, deuxième vice-président de l’Assemblée nationale sur un site d’exhumation des restes humains des massacres de 1972 dans le nord-est du Burundi, le 4 mai 2021 © SOS Médias Burundi