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Buhumuza : tensions et insécurité dans les provinces de Cankuzo, Muyinga et Ruyigi

Alors que la guerre en République Démocratique du Congo (RDC) se poursuit, ses répercussions se font ressentir au Burundi, en particulier dans les provinces de Cankuzo, Muyinga et Ruyigi. Entre fouilles dans les camps de réfugiés, mouvements militaires inhabituels et montée des tensions ethniques, la situation sécuritaire inquiète la population locale. (SOS Médias Burundi)

Dans ces régions, des habitants expriment leurs craintes face à la montée des tensions à l’approche des élections. Ils dénoncent l’intensification des discours à caractère ethnique, la multiplication des patrouilles nocturnes et des arrestations arbitraires. Ils appellent au retour au calme pour éviter une escalade vers une crise sociale.

L’une des préoccupations majeures concerne les fouilles menées dans les camps de réfugiés congolais, en particulier ceux de Bwagiriza et Nyankanda, situés dans la province de Ruyigi. Ces camps, qui accueillent principalement des Congolais de la communauté Banyamulenge, font l’objet d’opérations de contrôle accrues.

Selon nos sources, ces fouilles seraient motivées par la crainte d’une infiltration de combattants à travers le Burundi, sous couvert du statut de réfugiés. Deux perquisitions ont déjà eu lieu depuis le début du mois, conduisant à l’interpellation de plus de 60 individus.

En revanche, les camps de Kavumu (Cankuzo) et Gasorwe (Muyinga) ne susciteraient pas autant de suspicion que ceux de Ruyigi.

Mouvements militaires inhabituels

Un autre fait troublant observé dans la région est l’intensification des mouvements de véhicules militaires. Des camions de la Force de défense nationale du Burundi (FDNB) en provenance de différentes provinces convergent vers le camp militaire de Mutukura, à Cankuzo, avant de poursuivre leur route vers la RDC.

D’après des témoins, plus d’une trentaine de ces camions auraient transité par ce centre d’entraînement depuis le début du mois de février.

Discours ethniques et montée des tensions

Dans les centres urbains et les chefs-lieux de ces trois provinces, les discussions sur le conflit en RDC s’enveniment, notamment dans les bars et bistrots. Des propos à caractère ethnique, parfois virulents, émergent, accusant notamment les Tutsis de vouloir étendre un prétendu « empire Hima » dans la région des Grands-Lacs d’Afrique et en Afrique subsaharienne. Ces discours polarisants alimentent les tensions et les divisions au sein de la population.

Rétablissement des rondes nocturnes et démonstrations de force

Par ailleurs, les rondes nocturnes se multiplient, justifiées par la nécessité de « préserver la paix » à l’approche des élections de 2025.
Les Imbonerakure (membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD) ont également repris leurs séances de sport chaque samedi matin, présentées comme des « démonstrations de force ».

Face à cette situation préoccupante, la population locale exhorte les autorités à intervenir pour apaiser les tensions. Elle appelle les acteurs politiques à faire preuve de retenue et à favoriser le respect mutuel et la cohésion sociale afin d’éviter une crise aux conséquences imprévisibles.

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Photo : la carte du Burundi selon le nouveau découpage administratif qui institue la province de Buhumuza