Bujumbura : près de 800 policiers et militaires congolais ont fui vers le Burundi

Au moins 532 policiers congolais fuyant les affrontements entre le M23 et l’armée congolaise et ses alliés ont déjà été répertoriés par les services burundais officiellement. Ils sont hébergés dans le centre du pays alors que 250 militaires congolais (qui ne sont pas reconnus officiellement) sont rassemblés en province de Cibitoke dans le nord-ouest de la petite nation de l’Afrique de l’est. (SOS Médias Burundi)
Jusqu’à ce mercredi soir, les services de l’immigration burundaise avaient enregistré 532 policiers congolais qui ont fui récemment vers le Burundi. Parmi eux se trouvent deux femmes qui ont quatre enfants. Ces agents ont fui avec leurs armes.
« Ils ont été séparés des civils et conduits dans un centre en province de Muramvya (centre du Burundi) », a confié à SOS Médias Burundi un officier de la PNB (Police nationale du Burundi) affecté dans un service attaché au bureau du ministre burundais en charge des affaires intérieures.
Les nouveaux chiffres ont été confirmés mercredi soir par Maurice Mbonimpa, le Commissaire général des Migrations alors qu’un peu plus tôt dans la journée, le ministre burundais en charge des affaires intérieures Martin Niteretse avait parlé d’une centaine de policiers congolais déjà acceuillis par le Burundi.
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Accueil à Muramvya
Une résidente du centre-Muramvya a dit à SOS Médias Burundi avoir vu des camions de la PNB en train de « déposer des policiers congolais dans le stade royal ». L’information a été confirmée jeudi matin par une source policière rattachée à l’Inspection générale de la police burundaise.
« Après leur arrivée, le gouverneur de province est allé prendre de force des pains et des beignets dans des boulangeries du chef-lieu de province. Ces pains et beignets étaient destinés à nourrir ces policiers congolais », a ajouté l’habitante de Muramvya.

Dans le chef-lieu de Muramvya, beaucoup de résidents sont rentrés plus tôt que prévu, après avoir constaté l’arrivée de ces policiers congolais, à bord des engins de la police burundaise.
Cibitoke héberge des militaires non reconnus officiellement
Depuis le mardi 18 février, le camp de Cibitoke dans le nord-ouest du Burundi- le 112e bataillon d’infanterie, a reçu 250 militaires congolais. Ils sont arrivés sur le sol burundais en empruntant la rivière Rusizi, séparant la RDC et le Burundi.
« Ils sont récupérés au niveau des localités de Kaburantwa, Rusiga et Rukana sur les rives de la Rusizi dans les communes de Rugombo et Buganda », a confié sous couvert d’anonymat une source militaire burundaise, à un reporter de SOS Médias Burundi basé dans la région.
Jusqu’à présent, les autorités burundaises n’ont pas encore communiqué officiellement sur la fuite de ces militaires congolais. Dans la guerre contre le M23, l’armée burundaise, la FDNB (Force de défense nationale du Burundi) a déployé près de 10.000 hommes sur le territoire congolais dans un cadre d’une coopération bilatérale entre les gouvernements burundais et congolais. Après la prise de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu et principale ville de l’est du Congo le 27 janvier dernier et la chute de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, l’armée burundaise a commencé à retirer ses militaires du sol congolais « sur conseil notamment du président ougandais Yoweri Museveni ». Depuis ce 18 février, SOS Médias Burundi a déjà eu connaissance d’au moins 359 militaires burundais qui ont été reçus dans le seul camp de Cibitoke, en compagnie des éléments FARDC (Forces Armées de la République démocratique du Congo).
Le 18 février, le général de brigade Gaspard Baratuza, porte-parole de l’armée burundaise a démenti ces informations affirmant que « les militaires de la FDNB déployés au Congo continuent à exécuter leurs missions dans leurs secteurs de responsabilité ». » Que personne ne donne importance aux fakenews véhiculés ici et là », a-t-il écrit.
Au moins deux journalistes locaux ont confirmé à SOS Médias Burundi mercredi soir et jeudi matin avoir vu « plusieurs militaires en tenue de l’armée ou civile avec des bottines circuler dans les rues de Cibitoke ».
« Ils sont visiblement très fatigués et leurs bottines sont pleines de boue », ont remarqué nos confrères. Cibitoke reste l’un des principaux points d’entrée des réfugiés congolais qui fuient la guerre dans l’est du vaste pays de l’Afrique centrale.
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Photo : un centre d’accueil de nouveaux réfugiés congolais en province de Cibitoke dans le nord-ouest du Burundi, février 2025 © SOS Médias Burundi