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Kirundo : nous n’allons pas accepter de mourir comme les Congolais qui sont tués comme des chèvres, j’ai déjà averti le Rwanda (Évariste Ndayishimiye)

Le président burundais Évariste Ndayishimiye a qualifié une fois de plus, le Rwanda comme « ennemi du Burundi » mardi et déclaré qu’il comptait mobiliser les Burundais de toutes les provinces pour aller combattre à la frontière avec le Rwanda, s’il arrivait que ce dernier attaque son pays. « Nous n’allons pas accepter de mourir comme les Congolais qui sont tués comme des chèvres… », a-t-il lancé. (SOS Médias Burundi)

C’est depuis la commune de Bugabira en province de Kirundo (nord du Burundi), frontalière avec le Rwanda que le président Neva s’est exprimé. Il s’y était déplacé pour assister plus de dix mille familles, victimes des aléas climatiques.

« Je vous le dis ici. Ne dormez pas sur vos lauriers. Le gouverneur a évoqué le mauvais ennemi qui veut toujours nous déstabiliser. Mais je l’ai déjà averti, celui qui va nous troubler, nous allons également l’embobiner », a déclaré Évariste Ndayishimiye qui s’exprimait en langue locale, le Kirundi et sans lire les notes.

Et de continuer sur le même ton et en respirant fortement : « Je vous demande de vous préparer. N’ayez pas peur. On se connaît bien et d’ailleurs je me trouve dans la région de Bugesera, vous en savez quelque chose. Ils (les Rwandais) ne nous ont jamais vaincus depuis l’époque coloniale. Vont-ils y arriver actuellement ?Rappellez-leur l’origine de l’appellation ‘Kirundo’! » Selon une certaine opinion, l’origine du nom de la province de Kirundo qui s’appelait autrefois Muharuro, est en référence aux tas de cadavres de Rwandais tués là-bas lors d’une bataille de 1763.

Le président Neva compte mobiliser tous les Burundais contre le Rwanda

S’adressant à une assemblée composée pour la plupart de résidents très pauvres et sans nourriture- chaque ménage a reçu 15 kg de maïs et 5 kg de riz comme assistance ce mardi, M. Ndayishimiye a évoqué l’idée de mobiliser tous les Burundais contre le Rwanda.

« Vous ne serez pas seuls. Nous tous…même l’habitant de Nyanza-Lac sur l’extrême frontière avec Kigoma (nord-ouest de la Tanzanie), il sera ici », a-t-il dit sous quelques applaudissements des résidents affamés et probablement moins convaincus par le discours du chef de l’État burundais.

Et de conclure avec des déclarations plus sulfureuses : « Nous les Burundais, nous n’allons pas accepter de mourir comme les Congolais. Non, on ne va pas le permettre du tout. Non, non…nous n’allons pas accepter de mourir comme les Congolais qui sont tués comme des chèvres alors qu’il y a des hommes mûrs (dans ce pays) ».

Le 31 janvier dernier, le président burundais avait déclaré dans un événement d’échange de vœux avec le corps diplomatique et consulaire dans la ville commerciale Bujumbura que « le président rwandais Paul Kagame est en train de déstabiliser la région ».

« Si le Rwanda continue à faire des conquêtes d’un territoire d’un autre pays, je sais qu’il va arriver même au Burundi parce qu’il est en train d’entretenir de jeunes réfugiés, il les arme, maintenant il est en train de les aguerrir dans la guerre du Congo », a accusé Évariste Ndayishimiye. « Il veut venir au Burundi, nous n’allons pas accepter, la guerre sera généralisée », a insisté l’ancien rebelle Hutu.

Deux jours avant, le président rwandais Paul Kagame s’était moqué du Burundi, dans un sommet virtuel des chefs d’Etat de la Communauté Est-Africaine, EAC, auquel le président congolais Félix Tshisekedi n’avait pas participé et M.Neva avait assisté très difficilement suite à la mauvaise connexion internet. Kagame a dit : « Et surtout, je ne comprends pas comment Tshisekedi continue de penser qu’il va résoudre les problèmes liés aux droits des gens militairement, les tuer, les abattre, amener des forces qui sont prêtes à aider, comme en particulier le Burundi- eh bien, je ne sais pas si cela a été utile ces derniers jours ou ces dernières semaines depuis qu’ils font cela ».

Et lors d’un déjeuner avec les diplomates accrédités à Kigali le 16 janvier dernier, Paul Kagame avait accusé directement le Burundi de soutenir les génocidaires Hutus-FDLR.

« Pouvez-vous m’expliquer pourquoi les FDLR sont au Congo et sont en train d’être aidés par le gouvernement du Congo qui a aussi apporté le Burundi sous la même idéologie, soi-disant pour combattre le M23 qui est d’ethnie Tutsi et par conséquent lié à Kagame…ceux-ci n’ont pas le droit de vivre, il faut s’en débarrasser ! Vous laissez cela intact et vous venez vous plaindre de la probable présence de l’armée rwandaise au Congo ! De quoi pensez-vous vraiment parler? » s’est adressé Kagame aux ambassadeurs.

Les deux nations sœurs de la région des Grands-Lacs d’Afrique et membres du bloc économique de l’Afrique de l’est, sont dirigées par des anciens rebelles qui se regardent en chien de faïence.

Le Rwanda est dirigé par les anciens rebelles Tutsis du FPR qui ont mis fin au génocide contre les Tutsis en 1994 alors que le parti au pouvoir au Burundi, le CNDD-FDD, est une ancienne rébellion Hutu qui a accédé au pouvoir en 2005 grâce à l’accord de paix d’Arusha (Tanzanie) de 2000.

En 2024, les autorités burundaises ont fermé les frontières avec le Rwanda qu’elles accusent d’héberger des rebelles qui veulent déstabiliser le territoire burundais. Le Rwanda ne cesse de reprocher au Burundi de collaborer avec les génocidaires Hutus-FDLR, de les abriter et de les entretenir. Récemment, les autorités rwandaises sont allées plus loin en affirmant qu’elles sont en possession d’une longue liste des officiels burundais qui ont joué un rôle dans le génocide contre les Tutsis au Rwanda.

Le Burundi a envoyé des troupes pour aider les FARDC (Forces Armées de la République démocratique du Congo) et leurs alliés dans les combats contre le M23, un groupe armé soupçonné de recevoir le soutien du Rwanda, ce que le gouvernement rwandais ne cesse de balayer d’un revers de la main.

C’est la première fois que le président burundais évoque une probable confrontation avec le Rwanda même si les autorités burundaises ont mobilisé depuis l’an dernier, plusieurs militaires et membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD, les Imbonerakure, à la frontière avec son voisin du nord.

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Photo d’illustration : le président burundais Évariste Ndayishimiye en marge de la célébration de la journée dédiée aux Imbonerakure, le 31 août 2024 dans la ville commerciale Bujumbura. Il a déclaré qu’il comptait mobiliser les Burundais de toutes les provinces contre le Rwanda © SOS Médias Burundi