Makamba : la pénurie de carburant paralyse le transport
Depuis deux semaines, le transport en province de Makamba, au sud du Burundi, est quasi paralysé par une grave pénurie de carburant. Les rares véhicules encore en circulation affichent des tarifs prohibitifs, compliquant les déplacements. Face à une crise qui perdure malgré les promesses des autorités, la population exige des solutions concrètes. (SOS Médias Burundi)
Dans les principales localités de la province, notamment Makamba, Kayogoro, Mabanda et Nyanza-Lac, l’impact de cette crise est visible dans les gares routières.
« Il n’y a presque plus de véhicules dans les agences de transport. Quand on s’y rend, elles sont parfois fermées ou ne comptent qu’un seul employé assurant un service minimum. On nous répond qu’il n’y a pas de carburant », témoignent plusieurs sources contactées par SOS Médias Burundi.
Selon des sources administratives locales, la distribution de carburant dans la province ne se fait qu’une fois toutes les deux semaines. Mais les quantités livrées sont largement insuffisantes par rapport à la demande.
« Nous recevons à peine 5 000 litres, une quantité dérisoire au regard des besoins. En trois jours seulement, tout est consommé », explique un responsable d’une agence de voyage parmi les rares encore approvisionnées.
Face à cette situation, son agence ne peut mettre en circulation qu’un seul bus par jour, effectuant un aller-retour entre Makamba et Bujumbura, la capitale économique.
L’interdiction de s’approvisionner en Tanzanie
Au début de la crise, de nombreux propriétaires de véhicules s’étaient tournés vers la Tanzanie pour se ravitailler en carburant. Mais cette alternative a rapidement été interdite, et les forces de l’ordre traquent désormais ceux qui tentent de contourner cette restriction.
« Ceux qui sont arrêtés sont accusés de trafic illégal de carburant et emprisonnés. Certains ont même été transférés à Bujumbura, détenus dans les cachots du Service de renseignements. On ignore dans quelles conditions ils sont incarcérés », rapportent nos sources.
Une flambée des prix du transport
Face à la rareté du carburant, certains transporteurs se tournent vers le marché noir. Mais les prix explosent : « Nous achetons le litre de carburant à 12 000 francs burundais, ce qui fait grimper le prix du ticket Makamba-Bujumbura à 40 000 francs. Pourtant, nous prenons un gros risque, car la police veille au respect du tarif officiel fixé à 23 000 francs », confie un chauffeur de minibus.
Les sanctions sont sévères pour ceux qui ne respectent pas les tarifs réglementés. Selon nos sources, les chauffeurs pris en infraction encourent des amendes allant de 500.000 à 1.000 .000 de francs burundais.
Des voyageurs contraints de reporter leurs déplacements
Cette crise du transport affecte lourdement les passagers. Beaucoup sont obligés de reporter leurs voyages, tandis que d’autres, notamment ceux qui doivent se rendre en urgence à Bujumbura, sont contraints de multiplier les escales, ce qui triple le coût du trajet par rapport au tarif officiel.
Dans ce contexte, les forces de l’ordre ont intensifié les contrôles aux postes frontaliers. Ces derniers jours, la police de l’Inspection générale a intercepté plusieurs trafiquants tentant d’acheminer du carburant depuis la Tanzanie.
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Une crise qui s’enlise
Le Burundi traverse une crise économique majeure. Depuis quatre ans, la pénurie de carburant aggrave encore la situation. Pourtant, le chef de l’État avait promis une meilleure gestion de ce secteur stratégique. Pour l’instant, la population attend toujours des résultats concrets.
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Photo : un parking sans bus à Makamba © SOS Médias Burundi
