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Tanzanie : la fermeture des camps retardée d’une année

Les réfugiés burundais gagnent une année de plus avant la fermeture de leurs camps. L’annonce a été faite par le ministère tanzanien de l’intérieur en charge des réfugiés après une visite dans deux grands camps de réfugiés burundais situés dans le nord-ouest de la Tanzanie. (SOS Médias Burundi)

Une délégation de haut niveau du HCR et du gouvernement tanzanien s’est rendue dans les camps de réfugiés burundais la semaine dernière.

La visite a été faite lundi et mardi,les 27 et 28 janvier dernier, respectivement dans les camps de Nyarugusu et Nduta installés dans la région de Kigoma au nord-ouest du pays.

Les représentants du HCR dans les districts de Kasulu et Kibondo où sont basés ces deux camps, ont tranquillisé les réfugiés qu’avec 2025, la situation ne va pas s’empirer.

« Vos prières ont été exaucées. La commission tripartite a prolongé d’une année l’exercice de rapatriement volontaire librement consenti. Après ce délai, l’on pourra passer à la vitesse supérieure et peut être fermer les camps », ont-ils ,tour à tour déclaré.

Il s’agit de l’une des conclusions d’une réunion tripartite entre la Tanzanie, le Burundi et le HCR qui s’est tenue à Bujumbura, la capitale économique du Burundi, fin décembre 2024.

Laquelle réunion a recommandé aussi au Burundi de s’apprêter pour recevoir au moins trois mille réfugiés par mois.

Plusieurs réfugiés burundais dont des enfants dans une réunion avec les autorités tanzaniennes au camp de Nduta en Tanzanie ©SOS Médias Burundi

Les réfugiés poussent un soupir de soulagement. Ils ont aussi acclamé et ont semblé ne pas être intéressés par la suite, d’après un reporter SOS Médias Burundi.

« Dieu merci en tout cas, nous pouvons fêter cet anniversaire de plus. Nous continuons de demander à la communauté internationale de suivre de près la situation et de persuader les autorités tanzaniennes afin qu’elles abandonnent ce plan macabre et inhumain de fermeture des camps », réagit un leader communautaire de la zone 5 du camp de Nduta.

Sudi Mwakibasi décontracté…

Sur le terrain de la zone 10 au camp de Nyarugusu comme dans la zone 5 du camp de Nduta où s’étaient rassemblés les réfugiés burundais, le célèbre Sudi Mwakibasi, secrétaire permanent au ministère de l’intérieur en charge des réfugiés, connu pour ses déclarations sulfureuses envers les réfugiés burundais, s’est, pour une fois, montré clément comme l’ont constaté des Burundais.

« Il est connu pour son langage dur. Mais, curieusement, il s’est transformé en parent donneur de leçons et conseils, ce qui nous a semblé inhabituel », raconte un réfugié du camp de Nduta qui a écouté son discours.

Sudi Mwakibasi a recommandé aux parents de bien éduquer leurs enfants, leur inculquer des valeurs d’amour de la patrie et du travail, tout en prêchant par de bons exemples.

« Ce sont ces générations futures qui vont construire votre pays. Éviter de les encourager dans des actes criminels. Et surtout, ne pas accepter qu’ils soient engagés dans des activités de déstabilisation de votre pays », a-t-il conseillé.

L’année en cours risque d’être chargée d’après le programme dévoilé par cette délégation à Nyarugusu comme à Nduta.

« Il y aura des visites au Burundi faites par les réfugiés en provenance de la Tanzanie et des rapatriés en provenance du Burundi (go and see, come and tell), des matchs de football qui vont opposer les deux groupes à Makamba (Burundi) et à Kibondo (Tanzanie) ainsi que des séances de sensibilisation au retour volontaire », ont souligné les délégués.

Une réfugiée burundaise prépare de la nourriture pour ses enfants dans le camp de Nduta en Tanzanie © SOS Médias Burundi

Même si l’idée de procéder à des interviews individuelles pour déterminer les mobiles qui ont poussé chaque réfugié à fuir le Burundi reste maintenue, la délégation n’a pas dévoilé à quand se tiendra cet exercice. Ce qui fait croire aux réfugiés burundais que l’ONU aurait convaincu la Tanzanie pour laisser libre ceux qui ont demandé asile dans ce pays conformément à la Convention 1951 de Genève relative à la protection des réfugiés.

La Tanzanie reste le pays qui abrite plus de réfugiés burundais dans la sous-région. D’après les chiffres du HCR au 31 décembre 2024, ce pays compte plus de 104.000 Burundais. Ils ont fui pour la plupart, la crise de 2015 consécutive à un autre mandat controversé de feu président Pierre Nkurunziza la même année.

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Photo : des réfugiés burundais dans une réunion avec les autorités tanzaniennes au camp de Nyarugusu © SOS Médias Burundi