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Nakivale (Ouganda) : une lutte contre la construction anarchique entachée de corruption

Un haut responsable du ministère ougandais en charge des réfugiés est accusé par ces derniers de détruire des maisons en construction dans le camp de Nakivale, sous prétexte de lutter contre les constructions anarchiques. Selon les réfugiés, ces actions cacheraient en réalité une volonté de monnayer ses services. (SOS Médias Burundi)

Dans les zones de New Buja, Sub Camp et Kabazana, de nombreuses maisons en brique adobe ont été démolies, qu’elles soient en chantier ou sur le point d’être achevées. Ces destructions, bien que concentrées dans ces secteurs, n’épargnent pas le reste du camp.

Derrière ces actes, les réfugiés pointent du doigt une certaine « Pénélope », assistante du président (commandant) du camp de Nakivale.

« On ne peut pas compter le nombre de maisons qu’elle a fait démolir ici. Chaque semaine, des maisons sont mises à terre. C’est regrettable car nous manquons de moyens, et même ceux qui essaient de se relever se retrouvent bloqués. Nous en avons marre », confie un des chefs locaux (Chairman) du camp.

La justification officielle mise en doute

L’assistante justifie ces démolitions par une volonté de lutter contre les constructions anarchiques et non autorisées dans le camp. Cependant, cet argument laisse les réfugiés sceptiques.

« Ici, il n’y a aucune autorisation préalable pour construire une maison d’habitation. Une fois que le HCR te montre un champ, tu es libre de l’exploiter comme bon te semble. Même un ami peut te donner un morceau de sa parcelle, et on construit directement », expliquent-ils.

Une maison d’un réfugié dont le propriétaire n’a pas achevé suite à la mesure de l’assistante du président du camp de Nakivale, Pénélope © SOS Médias Burundi

Pour eux, ces destructions seraient plutôt un moyen pour «Pénélope » de tirer profit de sa position.

« Si quelqu’un est pris et qu’il paie 300 000 shillings ougandais, il peut continuer sa construction. Celui qui veut soi-disant demander une autorisation doit payer la même somme », dénoncent des réfugiés qui se sont confiés à SOS Médias Burundi.

Ils ajoutent que cette pratique suspecte est apparue depuis sa nomination au camp.

« Avant son arrivée, on construisait en toute tranquillité. D’ailleurs, le HCR nous encourage à quitter les maisons en huttes ou en tentes », précisent-ils.

Appel à l’action

Les réfugiés exhortent l’administration du camp et le HCR à intervenir pour rétablir leurs droits fondamentaux.

Avec plus de 140 mille réfugiés, dont plus de 33.000 Burundais, le camp de Nakivale est l’un des plus grands en Ouganda. Ces accusations de corruption et d’abus viennent alourdir le fardeau déjà considérable que doivent supporter ses occupants.

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Photo : une maison détruite partiellement dans le camp de Nakivale en Ouganda © SOS Médias Burundi