Rutana : une crise sanitaire inquiétante sur le site de réfugiés de Giharo
Le site des réfugiés de Giharo, situé en province de Rutana, au sud-est du Burundi, est en proie à une crise sanitaire grave. Le centre de santé local, crucial pour cette population vulnérable, peine à répondre aux besoins des malades en situation d’urgence, notamment les femmes enceintes. (SOS Médias Burundi)
L’absence d’ambulance notamment constitue un problème crucial.
Face à l’absence d’ambulance, les femmes enceintes doivent se résoudre à emprunter des motos pour se rendre au centre de santé de Nyagahara ou à l’hôpital de Rutana en cas de complications. Cette solution, bien que nécessaire, s’avère dangereuse en raison de l’état dégradé des routes.
Des témoignages recueillis illustrent la gravité de la situation. Une femme ayant accouché récemment raconte : « Lorsque j’ai ressenti mes premières contractions, j’étais terrifiée. Prendre une moto sur ces routes est dangereux, mais je n’avais pas d’autre choix. Par la grâce de Dieu, j’ai été sauvée ainsi que mon bébé ». Une autre femme enceinte de sept mois partage une expérience similaire : « Les secousses sur la route étaient insupportables. Nous avons besoin d’ambulances pour sauver nos vies et celles de nos enfants ».
Ces trajets périlleux ont déjà coûté la vie à trois nouveau-nés, décédés en raison des conditions de transport inadéquates.
La question des frais médicaux
En plus des risques liés au transport, les femmes enceintes et les autres patients se heurtent à des frais médicaux souvent prohibitifs. Beaucoup d’entre elles vivent dans une extrême précarité, ce qui complique encore davantage leur accès aux soins.
Autres défis sanitaires : grippe, paludisme et pénurie de médicaments
La saison des pluies, en cours, aggrave la situation sanitaire sur le site. Les cas de grippe et de paludisme augmentent de manière inquiétante. Les réfugiés font également face à une pénurie aiguë de médicaments. Les infirmiers, déjà peu nombreux, sont souvent absents, rendant l’accès aux soins encore plus difficile.

Les consultations se résument souvent à la remise de quelques comprimés, comme le témoigne une femme de 30 ans récemment arrivée : « J’avais la diarrhée. Après des heures d’attente, on m’a donnée quatre comprimés de métronidazole. Je suis rentrée chez moi sans savoir comment me guérir ». Un homme présent sur le site depuis six mois ajoute : « Je suis allé au centre de santé pour soigner mon paludisme, mais il n’y avait pas de médicaments disponibles. »
Un appel à l’action
Selon un membre du comité des représentants des réfugiés, la situation est critique : « Nous manquons non seulement de médicaments, mais aussi d’ambulance pour les cas urgents. Nous demandons au HCR et à ses partenaires d’agir avant qu’il ne soit trop tard. Les réfugiés souffrent. Nous avons besoin de personnel médical qualifié et de moyens de transport sûrs pour accéder aux soins ».
Un contexte difficile
Il convient de rappeler que le premier convoi de réfugiés a été transféré en avril dernier depuis le centre de transit de Cishemere, dans la province de Cibitoke, vers le site de Giharo. Aujourd’hui, plus de mille réfugiés, majoritairement originaires du Kivu en RDC, y vivent. Ces populations fuient les conflits persistants dans une région minée par la présence de multiples groupes armés.
Cette crise sanitaire au site de Giharo appelle une réponse urgente et coordonnée pour prévenir de nouvelles tragédies. Les réfugiés, déjà éprouvés par l’exil, ont besoin d’un soutien concret pour accéder à des soins de santé dignes.
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Photo : des réfugiés congolais sur un point d’eau dans le camp de Musasa au nord du Burundi © SOS Médias Burundi
