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Kayanza : les jeunes de Gahombo face à un vagabondage sexuel alarmant

Dans la commune de Gahombo, située dans la province de Kayanza ( nord du Burundi), un phénomène préoccupant de vagabondage sexuel s’installe parmi les jeunes, conduisant à une augmentation des grossesses non désirées chez les jeunes filles. Cette situation inquiète de nombreux parents et soulève des questions sur les valeurs et l’éducation des adolescents.

INFO SOS Médias Burundi

Un sexagénaire de la colline de Gasave raconte comment sa fille de 18 ans est devenue une source de honte pour lui. « C’est l’un des plus grands chocs que j’ai eu ces deux dernières années », confie-t-il, visiblement attristé. Selon son récit, sa fille avait entretenu une relation avec un homme marié de Bujumbura ( capitale économique) ignorant son statut matrimonial. Quelques mois plus tard, elle est tombée enceinte. Lorsque la jeune fille a informé l’homme de sa grossesse, celui-ci avait initialement promis de reconnaître l’enfant, avant de révéler qu’il était déjà marié et père de six enfants.

« Ma fille a perdu la tête », ajoute le père. Les choses se sont aggravées lorsque, lors de rendez-vous ultérieurs avec cet homme pour discuter de l’avenir de l’enfant, elle est tombée enceinte une deuxième fois. Cette situation a déclenché une réaction violente de ses frères, qui l’ont chassée de la maison. Ses parents, bien que peinés, ont dû lui apporter leur soutien malgré tout.

Une problématique répandue

Une autre habitante de la colline de Nzegwe confirme que les grossesses non désirées sont courantes dans la commune. Elle déplore le manque de précautions prises par les filles et l’érosion des valeurs traditionnelles : « Les filles ne se protègent pas. Il y a une dégradation des mœurs et des valeurs positives qui les pousse à la débauche sans réflexion », explique-t-elle.

Selon cette habitante, l’abandon scolaire est un facteur clé de ce phénomène. Beaucoup de jeunes filles quittent l’école pour envisager de fonder des foyers. Malheureusement, ces rêves sont souvent interrompus par des grossesses prématurées, forçant les filles à s’occuper seules de leurs enfants.

Une situation alarmante pour l’avenir des jeunes

Une enseignante de Rukeco dénonce ce qu’elle appelle un « vagabondage sexuel », qu’elle trouve très préoccupant. « Je ne comprends pas comment une fille de 18 ans ou moins peut avoir trois enfants sous le toit de ses parents », s’indigne-t-elle. Elle encourage les adolescentes à penser à leur avenir et à celui de leurs enfants, soulignant les défis de subvenir seule aux besoins d’une famille dans un contexte économique difficile.

Des statistiques troublantes

Un responsable administratif de la commune, souhaitant garder l’anonymat, confirme que le phénomène est répandu.

« Dans la majorité des ménages avec des filles en âge de procréer, trois sur cinq ont déjà eu des enfants », affirme-t-il. Cette réalité inquiète les parents, qui peinent à envisager un avenir stable pour leurs filles et petits-enfants dans un contexte où le coût de la vie ne cesse d’augmenter, même dans les zones rurales.

« Mettre au monde un enfant qu’il faut éduquer et nourrir seul est très difficile », conclut-il. La situation à Gahombo met en lumière un véritable défi pour les familles, les responsables locaux et la société dans son ensemble, appelant à une réflexion approfondie et à des solutions concrètes pour préserver l’avenir des jeunes.

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Le bureau du centre-jeunes de Gahombo en province de Kayanza au nord du Burundi ( SOS Médias Burundi)