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Bubanza : favoritisme du CNDD-FDD dans la distribution de fertilisants

Des agriculteurs de la commune de Bubanza (ouest du Burundi) tirent la sonnette d’alarme face à une situation critique : l’insuffisance d’engrais chimiques FOMI (fertilisants organo-minéraux) de type urée. Selon plusieurs témoignages, les rares quantités disponibles sont distribuées de manière clandestine, bénéficiant principalement aux membres influents du parti au pouvoir, le CNDD-FDD. (SOS Médias Burundi)

Les résidents dénoncent des distributions inéquitables. Il y a quelques jours, environ 500 sacs de ces intrants agricoles ont été livrés au stock communal de Bubanza. Cependant, selon des sources locales, la totalité de ce stock aurait été discrètement récupérée par des membres du CNDD-FDD au cours de la même nuit. Une pratique qui suscite l’indignation des agriculteurs, déjà confrontés à une pénurie d’engrais.

«Pour cette saison agricole A, nous avons payé pour obtenir les quantités d’engrais dont nous avons besoin, mais les livraisons sont largement insuffisantes par rapport aux demandes », explique un agriculteur.

Des frustrations croissantes

Un cultivateur de riz, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat, raconte son calvaire : «j’ai payé pour 15 sacs, je suis cultivateur de riz, mais quand je me rends au magasin de la commune de Bubanza, on nous fait 50 kg d’urée pour 2 personnes. J’assiste impuissant les pertes que je cours pour un champs de riz que j’ai loué par manque d’engrais chimiques ».

Le responsable du stock communal reconnaît que les demandes dépassent de loin les quantités disponibles. Toutefois, les agriculteurs déplorent le favoritisme dans la distribution des rares sacs disponibles.

« Pendant la nuit, ce sont les membres du CNDD-FDD qui sont contactés en priorité et raflent tout. Moi, j’ai payé pour 15 sacs, et on me propose un seul sac. Que vais-je faire avec ça ? », s’indigne un autre cultivateur.

Des conséquences économiques graves

Face à cette situation, de nombreux agriculteurs se tournent vers le marché noir pour s’approvisionner en engrais, mais à des prix exorbitants.

« Nous sommes obligés d’acheter un sac d’urée de 25 kg à 75 000 francs burundais, alors que le prix officiel est de 31 000 francs. Cela coûte plus du double. Nous n’avons pas d’autres options », regrette un agriculteur.

Avec la montée des coûts et le manque de fertilisants, les perspectives de récolte pour la saison agricole A s’annoncent sombres. Les agriculteurs, qui ont pourtant déjà payé pour les intrants, redoutent une chute significative de la production, ce qui pourrait aggraver l’insécurité alimentaire dans la région.

Une situation appelant à des réformes

Alors que les tensions montent, les autorités locales et nationales sont appelées à intervenir pour garantir une distribution équitable des intrants agricoles. La transparence dans la gestion des stocks et le respect des droits des agriculteurs apparaissent comme des priorités urgentes pour éviter une crise agricole majeure.

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Photo : des policiers supervisent la distribution d’engrais chimiques sur un point de vente de fertilisants à Bubanza © SOS Médias Burundi