Burundi : quatre partis politiques d’opposition forment la toute première coalition pour les prochains scrutins

Il s’agit des partis FRODEBU, CODEBU, FEDES-SANGIRA et CNDD. Leurs présidents ont déposé un dossier relatif à leur alliance,le vendredi 13 décembre dernier. Il a été reçu par le ministère en charge des affaires intérieures qui gère les partis politiques.Baptisée « Coalition Burundi Bwa Bose (ou encore le Burundi pour tous) », cette coalition s’est fixée pour mission d’aider les Burundais et le pays à « atteindre un futur meilleur ». (SOS Médias Burundi)
Patrick Nkurunziza, président du parti FRODEBU et en même temps représentant de cette nouvelle coalition explique que malgré leurs divergences d’opinion, les quatre partis ont décidé de se mettre ensemble pour défendre les intérêts des Burundais et contribuer à l’instauration de la démocratie au moment où le pays est secoué par des crises politiques.
Le nouveau bloc qui compte faire face au CNDD-FDD au pouvoir depuis 2005 et qui veut s’y maintenir par tous les moyens, a cinq objectifs principaux pour » relever le pays »: réinstaurer un État de droit avec une justice sociale qui satisfait tout le monde, renforcer la cohabitation pacifique où la paix et l’entente règnent parmi les Burundais malgré leurs diversités, mettre en place un espace politique ouvert à tout le monde, organiser des élections libres, transparentes et apaisées où les dirigeants préviendront les issus de la volonté de la population et non de l’intimidation et enfin lutter contre la pauvreté et permettre un développement socio-économique durable.
Le responsable de la nouvelle coalition a annoncé que les quatre partis ont déposé tous les dossiers nécessaires au ministère habilité à reconnaître l’existence de coalitions politiques dans la petite nation de l’Afrique de l’est.
M. Nkurunziza et ses alliés restent convaincus que puisque la loi autorise la coalition des partis politiques en période électorale, le ministère de tutelle en prendra note.
A la tête de la coalition « Burundi Bwa Bose » se trouve le président du parti FRODEBU et les fonctions de secrétaire général et porte-parole sont occupées par le président du parti CODEBU en la personne de Kefa Nibizi au moment où Sébastien Butoyi, président de FEDES-SANGIRA s’est vu confier le service des finances.
Les quatre partis politiques d’opposition ne sont pas très représentantifs sur la scène politique burundaise. Mais ces derniers temps, deux d’entre eux ont multiplié des actions et communications visant à dénoncer les abus du pouvoir et la crise que traverse le pays. Il s’agit des partis FRODEBU et CODEBU. Le président de ce dernier a été arrêté et envoyé en prison au début de l’année pendant un court séjour. Cet ancien soutien du CNDD-FDD qui fût aussi directeur commercial de la Loterie nationale du Burundi, est devenu aujourd’hui un des rares opposants qui n’a plus peur de dénoncer les violations du parti présidentiel, le CNDD-FDD et de son gouvernement. Plusieurs de ses représentants provinciaux ont été arrêtés ces derniers jours, d’autres séquestrés par la police et les membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD, les Imbonerakure.
Quant au FRODEBU qui essaie de se relever, il ne lui reste toujours que cette notoriété d’être le premier parti Hutu à avoir remporté la présidentielle et les législatives de 1993 avant que son leader et premier Hutu à avoir été élu chef de l’État au Burundi ,Melchior Ndadaye ne soit assassiné lors d’un coup d’Etat militaire, le 21 octobre 1993. Sa mort s’est accompagnée d’une guerre civile qui a fait entre 200 et 300 mille victimes. Le CNDD-FDD, cette ancienne rébellion Hutu qui a accédé au pouvoir en 2005 grâce à l’accord d’Arusha ( Tanzanie) de 2000, est née suite à l’assassinat de Ndadaye. Mais depuis leur accession au pouvoir, les dirigeants actuels ont écarté leurs « parrains du FRODEBU » qu’ils qualifient comme « des intellectuels faibles qui ont accepté de partager le pouvoir avec les Tutsis minoritaires ».
Le parti CODEBU est née d’une aile du FRODEBU. Les deux autres partis qui font partie de cette nouvelle alliance n’existent que de noms. Le CNDD qui a donné naissance au CNDD-FDD dont le leader traditionnel Léonard Nyangoma en exil actuellement, a été exclu en 1997 après trois ans d’existence, est un parti moins emblématique au Burundi, tout comme son allié FEDES-SANGIRA.
Mais avec la crise généralisée que traverse le pays et les abus du pouvoir, plusieurs analystes estiment que « ces partis pourraient gagner les esprits des Burundais si le parti présidentiel acceptait une compétition libre ».
Le Burundi se prépare aux législatives et communales de l’an prochain et à la présidentielle en 2027, dans une situation déjà tendue, caractérisée par des discours de haine, des arrestations arbitraires des opposants et des intimidations qui n’épargnent même pas les militants du parti présidentiel « sobres » dans certains cas.
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Photo : les quatre responsables des partis qui forment la nouvelle coalition au Burundi, le 13 décembre 2024 dans la ville commerciale Bujumbura, DR