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Nyarugusu (Tanzanie) : une réfugiée burundaise et son nouveau-né meurent par mégarde

La victime allait mettre au monde quand elle est morte avec son nouveau-né. Ses gardes-malades accusent les infirmiers de négligence. (SOS Médias Burundi)

Spéciose Nizigiyimana habitait la zone 9, numéro AA5 au camp de Nyarugusu.

Elle s’est d’abord rendue à l’hôpital de la zone 10 géré par Medical Team International, MTI, lundi le 9 décembre 2024. Le lendemain, après avoir analysé son cas qui présentait certaines complications, cette structure sanitaire l’a référée à l’hôpital de la zone 3 géré par la Croix Rouge, dans la partie des réfugiés congolais. C’est là qu’elle est décédée.

Ses deux gardes-malades jettent le tort aux infirmiers.

« Ils nous ont exigé de payer une somme de 100 mille shillings tanzaniens pour qu’elle soit bien traitée en urgences. Où est-ce qu’on pouvait trouver toute cette somme ? On a dû les supplier de la prendre en charge et de nous laisser aller chercher l’argent le lendemain car elle saignait beaucoup et agonisait », témoignent-elles.

« Malheureusement, ces infirmiers n’ont rien fait, et voilà qu’elle est morte, avec son nouveau-né dans la même nuit sans aucune assistance», regrettent-elles.

L’incident a réveillé la colère des réfugiés burundais et congolais qui ont failli se faire justice n’eut été l’intervention de l’administration qui a pu calmer la situation, apprend-on.

« Dommage qu’ils ont refusé de faire l’opération césarienne à temps, mais ils ont fini par le faire afin de retirer le corps de l’enfant mort-né ! Trop tard ! » s’exclament des réfugiés.

Son cas n’est pas isolé. Dans les trois derniers mois, des réfugiés parlent de trois femmes mortes dans de telles circonstances, étant admises dans des structures sanitaires au camp de Nyarugusu en Tanzanie. Deux sont de la zone 10 et une autre de la zone 9.

Les réfugiés en ont marre et en appellent à l’administration et au HCR de changer d’abord les gestionnaires des centres de santé qui négligent la vie des patients et de conduire des enquêtes sérieuses pour infliger des sanctions exemplaires aux coupables.

La dernière victime a été inhumée ce jeudi au camp de Nyarugusu qui compte plus de 110.000 réfugiés dont plus de 50 mille Burundais, le reste étant constitué des Congolais.

En octobre dernier, un rapport des organisations humanitaires avait montré que 5 femmes enceintes meurent chaque mois dans les camps de Nduta et Nyarugusu suite à la fermeture des centres de santé.

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Photo : une réfugiée burundaise devant le service des urgences dans un centre de santé au camp de Nduta en Tanzanie © SOS Médias Burundi