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Crise-carburant : vers la résignation de la population burundaise ?

Les lamentations n’ont plus de place au sein de la population burundaise. Aucune solution n’est envisageable pour faire face au manque de carburant qui perdure. Dans la ville commerciale Bujumbura où sont concentrées les agences des Nations-Unies et l’administration centrale, les résidents ont choisi la marche comme alternative depuis plusieurs mois. Ils s’y sont habitués. (SOS Médias Burundi)

Beaucoup sont ceux qui quittent la maison le matin pour y retourner le soir. Auparavant, les files d’attente s’observaient surtout sur les parkings au centre -ville, mais actuellement, la situation se présente également dans les quartiers du nord comme du sud. Des gens peuvent passer plus d’une heure à attendre que les rares bus qui parviennent à trouver du carburant, viennent au secours de passagers qui se rendent au service ou encore à l’école. Il y en a qui finissent par y aller à pieds.

« J’arrive au parking généralement à 5h 45. Si jusqu’à 6h 30 il n’y a pas de bus, on décide de descendre à pieds », dit un élève de la zone Musaga au sud de la capitale économique.

Plusieurs véhicules sur une station-service disposant de peu d’essence dans la ville commerciale Bujumbura, octobre 2024 © SOS Médias Burundi

Au centre-ville, avant 10h du matin, l’on s’étonne de voir les bus alignés dans les parkings comme si tout allait bien. Après cette heure-là, les choses commencent à changer.

« Heureusement pour nous, quand on se présente en ville en uniforme scolaire après les cours, on est privilégié. Il y a une rangée réservée aux élèves », semble se réjouir un autre élève.

Certaines personnes ne se lassent pas de passer des heures et des heures sur les rangées dans l’espoir de trouver un moyen de transport quel qu’il soit. Mais d’autres ont déjà mis dans leur tête qu’elles ne vont pas perdre du temps à attendre les bus. Des milliers de résidents préfèrent marcher. Ce sont surtout les habitants des quartiers proches du centre-ville. Ils ne se lamentent plus car ils sont habitués à vivre ainsi.

De longues files de véhicules sur une station sans carburant dans la ville commerciale Bujumbura, le 17 octobre 2024 © SOS Médias Burundi

Paradoxalement, le carburant se vend sur le marché noir mais en cachette. Un bidon de 20 litres coûte entre 250.000 et 350.000 francs burundais .

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Sur les stations-services, c’est toujours le désert, les pompes ne sont plus en marche – aucun mouvement. Les autorités burundaises préfèrent quant à elles « ne plus mentir » et « ne pas maintenir les Burundais dans un espoir interminable ». Plus personne ne rassure la population qui souffre du manque de carburant depuis bientôt 47 mois, les choses s’étant dégradées au début de cette année, pas même le président-bavard qui avait rassuré que les stocks du Burundi au port de Dar-es-Salaam (Tanzanie) sont pleins d’énormes quantités en carburant mais qu’il manquait des camions pour acheminer cette denrée rare sur le sol de la petite nation de l’Afrique de l’est.

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Photo : des passagers attendent un bus en vain, certains commencent à marcher © SOS Médias Burundi