Ruyigi : augmentation des cas d’arrestations de réfugiés congolais

Les cas d’arrestations de réfugiés congolais se sont multipliés ces derniers temps en province de Ruyigi (est du Burundi). Une barrière policière y a été installée. Ces cas sont signalés en raison des sorties du camp sans autorisation, dues à la délivrance insuffisante de billets de sortie par l’administration des camps. Cette restriction oblige les réfugiés à faire face à des choix déchirants pour assurer leur survie. (SOS Médias Burundi)
Les réfugiés concernés sont installés dans les camps de Nyankanda et Bwagiriza en province de Ruyigi ainsi qu’à Kavumu, en province voisine de Cankuzo. Des réfugiés parlent de « lourdes démarches ».
« Pour obtenir un billet, nous devons écrire une lettre de demande et faire la queue au bureau de l’administrateur, mais peu d’entre nous parviennent à en obtenir, » témoigne un réfugié du camp de Nyankanda.
Les billets ne sont délivrés que trois jours par semaine : le lundi, le mercredi et le vendredi, a remarqué un reporter SOS Médias Burundi. Face à cette situation, certains réfugiés choisissent de sortir sans billet, ce qui entraîne des arrestations.
Un homme du camp de Bwagiriza raconte : « J’ai passé deux jours au cachot de la police après avoir été arrêté pour sortie sans billet. Je partais à Rumonge (sud-ouest du Burundi) pour chercher un petit boulot afin de trouver de l’argent pour nourrir ma famille, car la vie dans le camp devient insupportable. »
Les raisons qui poussent les réfugiés à quitter les camps sans autorisation sont multiples. Par ailleurs, la vie est devenue difficile ces derniers temps, et les problèmes peuvent surgir à tout moment.
« Si les autorisations étaient plus accessibles, personne ne sortirait sans s’en munir, » affirme un réfugié du camp de Kavumu. Le manque de flexibilité dans l’octroi des autorisations contribue à ce que les réfugiés soient en proie à des situations risquées.
« Le problème réside chez ceux qui délivrent les autorisations. Si celles-ci étaient facilement accessibles à tout moment, il n’y aurait personne qui partirait sans autorisation, » s’indigne-t-il.
Les réfugiés expriment une demande pressante à l’Office national en charge de la protection des réfugiés et des apatrides (ONPRA) ainsi qu’au HCR, sollicitant qu’ils facilitent leur libre circulation vers d’autres provinces. La nécessité de se déplacer pour trouver des ressources devient cruciale, surtout en cette période où l’aide alimentaire fournie par le PAM (Programme Alimentaire Mondial) a diminué.
« Nous avons besoin de liberté de mouvement pour chercher des moyens de subsistance pour nos familles, » plaide un représentant des réfugiés dans ces camps.
Il est important de signaler que pour se rendre dans d’autres provinces, en dehors de celles qui abritent les camps, les réfugiés sont obligés de demander un billet de sortie auprès de l’administration du camp.
La nécessité d’un accès facilité aux billets de sortie est essentielle pour permettre aux réfugiés de rechercher des opportunités et d’améliorer leur situation.
Récemment, des représentants de réfugiés ont soumis la question à un responsable régional qui s’occupe de la gestion des questions de réfugiés ainsi qu’aux autorités administrative et policière. Ils ont rechigné à plaider en faveur des réfugiés.
Les provinces de Ruyigi et Cankuzo plus à l’est du Burundi abritent plus de 40 mille réfugiés congolais, essentiellement originaires du Sud-Kivu dans l’est du Congo et composés des membres de la communauté Banyamulenge.
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Photo : une partie du camp de Kavumu en province de Cankuzo à l’est du Burundi © SOS Médias Burundi