Nyarugusu (Tanzanie) : des Tanzaniens se sont opposés à l’enlèvement de réfugiés burundais

Quinze réfugiés burundais ont failli être enlevés n’eut été l’intervention musclée des Tanzaniens du village de Makele environnant le camp de Nyarugusu. Un véhicule de la police a été d’ailleurs endommagé. Les réfugiés saluent l’acte posé par leurs voisins pour sauver des « vies en danger ». (SOS Médias Burundi)
Tout se passe samedi dernier, dans l’avant-midi au centre de négoce de Makele, un village situé à plus ou moins 5 kilomètres du camp de Nyarugusu. Ce petit marché sert de rencontre entre réfugiés et la communauté d’accueil.
D’après des sources sur place, plusieurs réfugiés burundais s’y étaient rendus pour faire de petits achats de légumes, de bananes, de grains de maïs ou encore de petits poissons appelés «Ndagala ».
Soudainement, la police de l’immigration fait irruption. Elle commence à arrêter clandestinement des réfugiés, un à un jusqu’à quinze personnes. Elles sont mises dans un véhicule garé à l’extrémité de ce centre de négoce.
« Dans un premier temps, tout le monde semblait ignorer ce qui se faisait jusqu’à ce que un de nous crie au secours. Finalement, il y a un groupe de Tanzaniens qui s’étaient déjà préparés pour nous venir en aide », raconte un des Burundais qui a échappé à cette rafle.
« Beaucoup de gens se sont rassemblés en moins d’une minute ! Munis de bâtons, de troncs d’arbres et de cailloux ramassés de toute part, ils se sont interposés », se souvient-il.
La foule a ensuite encerclé le véhicule de la police de l’immigration et a réclamé que ces réfugiés burundais soient relâchés.
« La bagarre n’a pas tardé comme la police y opposait un refus », affirme un autre Burundais qui était non loin du lieu où s’est déroulé l’incident.
Furieux, ils ont ensuite jeté des pierres sur la camionnette pick-up.
Ils l’ont endommagée, cassé ses vitres notamment. Les policiers sur place n’avaient pas d’armes. Ils ont dû demander un renfort.
« Vous voulez faire mal à ces vulnérables qui n’ont aucune défense, nous savons que celui qui est arrêté disparaît pour de bon, pourquoi malmener nos chers clients, ils sont de bons voisins, nous entretenons de bonnes relations, nous nous entraidons mutuellement, laissez-les en paix, (…) », ont systématiquement lancé ces Tanzaniens.
Quand le renfort de la police est arrivé, un conseil avec les chefs de villages de Makele se tient à l’improviste.
La conclusion est satisfaisante pour les réfugiés.
« Aucune personne paisible ne sera plus arrêtée à ce marché considéré comme modèle d’intégration, un suspect sera d’abord présenté aux chefs administratifs avant que la police n’intervienne, tout acte qui perturbe la cohésion entre ces deux communautés est interdite d’où qu’il provienne y compris de la police et enfin ceux qui ont endommagé le véhicule de la police ne sont pas poursuivis dans le cadre d’apaiser les tensions », apprend-on de sources tanzaniennes.
Des réfugiés sont agréablement surpris par un acte d’amour que leurs voisins leur ont montré.
Au marché de Makele, ce sont uniquement des Burundais qui s’inquiétent souvent alors que des réfugiés congolais du même camp de Nyarugusu y exercent même du commerce paisiblement.
Ce camp héberge plus de 110.000 réfugiés dont plus de 50 mille Burundais.
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Photo : un marché à l’intérieur du camp de refugiés de Nyarugusu dans le nord-ouest de la Tanzanie © SOS Médias Burundi