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Burundi : les partis d’opposition dénoncent « l’opacité » qui entoure le processus électoral

un homme dans un bureau de vote aménagé par la CENI au Burundi © SOS Médias Burundi

Les partis CNL, Frodebu et CODEBU déplorent ce qu’ils qualifient d' »opacité » dans la gestion du processus électoral en cours au Burundi. Ils dénoncent un processus émaillé de beaucoup d’irrégularités et demandent à la Commission électorale de se ressaisir. Ces partis rappellent que les élections mal organisées conduisent toujours aux mêmes résultats : les assassinats, les massacres, l’exil… (SOS Médias Burundi)

Le parti CNL met en évidence certaines irrégularités qu’il dit avoir déjà constaté. Il s’agit entre autres de la manière dont a été faite la sélection des agents recenseurs. La CENI (Commission électorale nationale indépendante) est accusée de favoriser les candidats issus du parti au pouvoir, le CNDD-FDD d’où le doute sur son impartialité.

Dans un communiqué, le parti CNL revient sur la période très courte qui précède le décret de convocation des électeurs pour le dépôt des candidatures pour l’élection des députés et des conseillers communaux. La période et la date limite des listes des mandataires des partis politiques, des coalitions des partis politiques et des candidats indépendants de quatre mois avant le scrutin du 5 juin 2025 est en contradiction avec le code électoral, selon le principal parti de l’opposition miné par des divisions. Nestor Girukwishaka, président du parti explique que le code électoral dispose dans son article 41 que l’identité complète des mandataires est notifiée aux Commissions provinciales, au moins vingt jours avant le scrutin.

Le parti CNL appelle la Commission électorale à « promouvoir une gestion transparente, inclusive et impartiale du processus électoral ».

Le 15 octobre dernier, la CENI a rencontré ses partenaires. A la préoccupation des responsables des partis politiques concernant le délai limite de dépôt des candidatures en décembre, Prosper Ntahorwamiye ,président de la CENI a donné des explications.

« Cela a été fait pour avoir assez de temps d’analyser à fond les dossiers des candidatures ». Et d’essayer de convaincre de plus : »comment reconnaître que les dossiers remplissent les conditions exigées :les équilibres ethniques, les effectifs exigés, comment on pourrait les vérifier sans avoir les listes à temps? »

Des partis non concertés

Les partis Frodebu et CODEBU disent qu’ils n’ont jamais été consultés avant l’annonce du calendrier qui a été dévoilé par l’organe en charge d’organiser les élections, le 15 octobre dernier.

Dans une déclaration conjointe, les présidents de ces deux formations politiques de l’opposition soulignent que la CENI n’a pas tenu en considération le droit donné aux partis politiques de pouvoir « se constituer en coalitions » lors des élections. Ils estiment que la Commission devrait également donner assez de temps aux potentiels candidats afin de se procurer des documents exigés pour « éviter de constituer un obstacle à la participation des partis politiques ».

Ces deux partis rappellent au gouvernement et à la CENI que les élections mal préparées et mal organisées conduisent toujours à des drames tels que les assassinats, les massacres, l’exil des citoyens…

Selon le calendrier électoral, les législatives et l’élection des conseillers communaux auront lieu le 5 juin 2025, les sénatoriales se dérouleront le 23 juillet au moment où l’élection des conseillers collinaires aura lieu deux jours plus tard.

Les enjeux sont importants pour ces élections organisées pour la première fois séparément de la présidentielle prévue en 2027 et tenant compte du nouveau découpage administratif qui a conduit à la réduction des provinces de 18 à 5 et des communes de 119 à 42 seulement.

« Même au sein du CNDD-FDD lui-même, la lutte pour se retrouver sur les listes est très rude car il y aura maintenant moins d’assiettes et plus de bouches à nourrir dans un pays où les élus ont droit à tous les avantages et profitent de leurs postes et fonctions pour s’enrichir illicitement », analyse un journaliste burundais basé à l’étranger.

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Photo d’illustration : un homme dans un bureau de vote au Burundi © SOS Médias Burundi