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Nduta (Tanzanie) : plusieurs cas de décès inquiétants

Le camp de Nduta en Tanzanie a enregistré une dizaine de décès en moins d’une semaine. Le dernier en date est celui de la représentante suppléante du comité représentatif des réfugiés burundais dans ce camp. Elle est morte dans la salle d’accouchement en même temps que son nouveau-né. L’inquiétude monte chez les réfugiés. (SOS Médias Burundi)

Evelyne Nimpaye, 35 ans, avait été élue par ses compatriotes pour porter leurs voix, car estimée pour sa défense des droits des réfugiés. Elle collaborait avec son collègue, un homme, pour que tous les réfugiés soient représentés.

Au début de cette semaine, elle s’est rendue à l’hôpital pour son troisième accouchement. Les services médicaux du camp ont constaté certaines complications. Elle a été transférée à l’hôpital de référence du district de Kibondo (où est installé le camp de Nduta).

Elle et son nouveau-né n’auront pas la chance de survivre après une opération césarienne suivie d’un saignement de grande intensité selon une source médicale. Elle laisse derrière elle un mari et deux enfants.

Les réfugiés regrettent la mort d’une femme battante, activiste et défenseuse de leurs droits.

Plusieurs cas de mortalité qui inquiètent…

A son enterrement ce jeudi, des réfugiés ont constaté que le cimetière est saturé, surtout avec des tombes qui sont fraiches. Du coup, un des responsable locaux décide de faire une petite et rapide investigation. Les résultats sont accablants.

« 12 morts en quatre jours, de lundi à jeudi de cette semaine!! », a-t-on appris. « Cinq réfugiés ont été inhumés mercredi », a su le leader communautaire qui a même vérifié les numérotations des tombes au cimetière.

Une source au sein de l’hôpital MSF (Médecins Sans Frontières) confirme les faits.

«Ici, dans la salle des urgences, on a enregistré trois cas de mortalité en une seule nuit cette semaine des suites des maladies chroniques telles que l’hypertension et l’Asthme », précise notre source.

A côté de ceux qui meurent dans les hôpitaux, il y a un grand nombre de réfugiés qui trouvent la mort dans leurs ménages avant d’atteindre les structures sanitaires, fait savoir le responsable communautaire, ce qui est aussi soutenu par plusieurs réfugiés.

« Incroyable, inacceptable,…il doit y avoir des causes sérieuses », s’exclament des réfugiés.

Mobiles possibles…

D’abord le facteur crucial c’est l’inexpérience des ONGs qui s’occupent du volet santé. MTI (Medical Team International) qui a remplacé MSF dans la gestion des cas de maladies chroniques et IRC( International Refugee Committee) sont pointées du doigt.

« Leurs employés sont moins expérimentés, ils n’ont pas de matériel adéquat et adapté, ils ne font pas de suivi pour se rendre compte de l’évolution des maladies chroniques comme l’hypertension, le diabète et l’Asthme », explication donnée par un agent médical au camp de Nduta qui regrette aussi que les hôpitaux ferment très tôt, à 16h. « Ce qui fait que les cas admis pendant la nuit n’ont pas de traitement jusque le lendemain », indique-t-il.

L’autre élément est la fermeture des centres de santé.

« Actuellement, le camp compte trois structures sanitaires car les trois autres ont été fermées. C’est vraiment impossible qu’une population de plus de 58.000 personnes puisse trouver un accueil adéquat et approprié dans ces conditions », estiment des volontaires médicaux ainsi que des réfugiés burundais eux-mêmes.

Un fait paradoxal constaté par une source médicale: les cas de maladies chroniques ont sensiblement diminué depuis le début de cette année.

« Malheureusement, ils n’ont pas guéri!! Plutôt, ils sont morts et on les a enterrés!! », murmure-t-elle amèrement.

Des sources médicales, des responsables locaux et des réfugiés en appellent au secours. Ils interpellent le HCR et d’autres agences humanitaires pour « sauver des vies humaines en danger ».

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Photo : enterrement de la réfugiée burundaise Evelyne Nimpaye au camp de Nduta en Tanzanie, le 10 octobre 2024 © SOS Médias Burundi