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Cibitoke : deux nouveaux détenus tués dans le cachot du SNR

Deux nouveaux détenus ont été tués par des agents du Service national des renseignements (SNR) en province de Cibitoke (nord-ouest du Burundi). Ils sont morts dans la soirée du 9 octobre. Ils portent à trois le nombre de personnes assassinées dans ce cachot en moins d’une semaine. Le responsable provincial des renseignements continue de nier les faits. (SOS Médias Burundi)

Les victimes sont des jeunes hommes, selon des sources policières. Des sources proches des services secrets burundais, disent que les deux détenus sont morts après plusieurs jours de torture intense. Des témoins affirment que les victimes sont mortes vers 18h.

« Les deux cadavres ont été transportés par le véhicule du chef du SNR-Cibitoke la nuit de mercredi. Ils ont été emmenés dans la localité de Nyamitanga (commune de Buganda, même province) non loin de la frontière avec le Congo, sur le littoral de la rivière Rusizi (séparant la RD Congo et le Burundi) », indiquent des témoins oculaires.

D’après une source sécuritaire qui a témoigné sous couvert d’anonymat, le représentant du Service national des renseignements à Cibitoke n’a pas participé à leur enterrement. La mission a été confiée à deux agents de la PNB (Police nationale du Burundi) et trois Imbonerakure (membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD, le parti présidentiel). L’équipe avait des éclaireurs à Nyamitanga et une autre équipe qui devrait les aider pour inhumer les deux corps dans la précipitation.

Des défenseurs des droits humains locaux parlent d’une situation « choquante ». L’un d’entre eux compare la province de Cibitoke à « un cimetière où plusieurs innocents sont tués et enterrés dans des conditions inhumaines ».

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Comme le premier détenu qui est décédé dans les mêmes conditions la nuit du 6 au 7 octobre dernier, les deux jeunes hommes ont été soupçonnés d’appartenir au mouvement rebelle Red-Tabara basé dans le Sud-Kivu. Red-Tabara est un groupe armé d’origine burundaise basé dans l’est du Congo, se trouvant sur la liste des mouvements terroristes du gouvernement burundais.

Le gouverneur de province Carême Bizoza et le procureur de Cibitoke disent ne pas être au courant de cette situation. Ils demandent à chaque habitant qui a des informations sur ces assassinats d' »approcher les instances habilitées » ou de « porter plainte ».

Le représentant du Service national des renseignements à Cibitoke, le colonel de police Félix Havyarimana nie ces allégations.

Selon un décompte de SOS Médias Burundi, plus de 90 cadavres ont déjà été découverts en province de Cibitoke depuis le début de l’année. La plupart de ces corps qui ont été enterrés sans qu’aucune enquête ne soit menée, ont été retrouvés dans les communes de Rugombo et Buganda, sur le littoral de la rivière Rusizi séparant le Burundi et le Congo. La majorité n’a pas été identifiée.

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Photo : un policier hisse le drapeau burundais à Buganda non loin de la frontière avec le Congo dans la zone où les deux cadavres ont été transportés © SOS Médias Burundi